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Deux des malfaiteurs étaient jugés aux assises des Hauts-de-Seine du 15 au 19 janvier 2018. Premier épisode d’un procès… atypique.

Il était 10h30 ce 13 juillet 2015, et tout le monde avait cru au pire. Le véhicule blindé de l’antigang était arrivé en trombe, BFMTV avait basculé en «priorité au direct», on avait tendu des cordons de sûreté. Personne ne savait ce qui se tramait à l’intérieur du Primark: le courant avait été coupé, la vidéosurveillance était inutilisable. Seul un SMS, expédié de l’intérieur, à destination d’un proche, donnait un indice: «prise d’otage». Les chefferies de police redoutent alors un acte terroriste. Encore. En cette veille de fête nationale, les images des attentats de Charlie Hebdo, six mois plus tôt, se bousculent dans toutes les têtes. Au total, cent policiers d’élite sont dépêchés sur place. (…)

Les policiers l’ignorent, mais les «terroristes» suspectés sont en fait de «simples» cambrioleurs, bras cassés avec ça (on y reviendra) – mais qui ont détalé depuis belle lurette. Vers 6h45 du matin, armés de carabines, ils ont infiltré la boutique, tenu en joue le personnel, baissé le rideau, coupé l’électricité, malmené une employée pour obtenir qu’elle ouvre le coffre-fort… en vain. L’action a duré dix minutes. Mal préparés, ils sont repartis bredouilles par la porte coupe-feu. Ils n’avaient pas prévu que la coupure du circuit électrique rendrait le coffre hermétique à toutes leurs tentatives… (…)

Deux ans et demi d’enquêtes et de procédures plus tard, le vent souffle en rafales sur le tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Derrière la vitre du box des accusés, les cambrioleurs ont le teint pâlichon. Jean G., 25 ans, est en détention préventive à Nanterre depuis juillet 2015, et David A., 23 ans, à Fresnes depuis février 2016. Le troisième s’est évaporé. Les deux lascars pourraient rester encore longtemps en cellule. Jeudi 19 janvier 2018, l’avocat général Bruno Revel a requis douze ans et dix ans de réclusion contre les deux jeunes hommes, jugés pour «récidive de tentative de vol avec arme», devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine. Le frère de David et sa compagne, sont jugés pour «complicité»: ils leur ont fourni une planque.(…)

Quatre jours d’audiences et de curieuses questions. Que fichent ces deux braqueurs devant une cour d’assises, le plus souvent réservée à des infractions autrement plus graves: meurtres, viol, crimes de sang?

Quelle folie a conduit ces deux zygotos à cambrioler… leur propre boutique? Là où ils avaient toutes les chances d’être reconnus –ce qui a été le cas? Jean était salarié de Primark. David y a lui aussi travaillé. David a tout confessé à son arrestation. Jean, grand jeune homme, timide, peu causant, est finalement passé aux aveux le 15 janvier, en début d’audience: «Je reconnais les faits qui me sont reprochés», dit-il d’une voix basse. (…)

Que s’est-il passé ce jour-là? À 6h44, le 13 juillet 2015, une vieille Peugeot 304 se gare sur le parking du centre commercial Qwartz. Trois individus «de type africain» en sortent, et prennent la direction du Primark. Jean a un sweat gris et planque un fusil à pompe, «pas très bien réglé, pas en très bon état». David est vêtu de cuir sombre. Le troisième, plus grand que les deux autres –cela aura son importance pour la suite–, est armé d’une carabine. Le trio tente incognito de se fondre dans la file des employés, qui passent sous la grille du magasin, à moitié relevée. (…)

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