(…) Pour lui, l’effectivité des reconduites à la frontière est devenue un enjeu de crédibilité, « sinon les règles ne veulent plus rien dire », souligne-t-il. L’idée d’un recensement de la situation des migrants dans les centres d’hébergement d’urgence est aussi avancée (cela donnera la circulaire Collomb) mais elle ne fera scandale que cinq mois plus tard. Car, en juillet, un voeu du président éclipse tout le reste : « Je ne veux plus, d’ici à la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus. » Le chef de l’Etat sait ce que répète Pascal Brice, le directeur général de l’Ofpra, qu’il connaît depuis longtemps : « Les gens à la rue, le désordre, cela dessert l’accueil des réfugiés. » Mais la date butoir (absente du discours écrit) était improvisée. Emmanuel Macron surprend ses équipes et fait bondir place Beauvau. Intenable, le souhait présidentiel ne sera pas tenu.
Au dire de plusieurs proches, le président « a pris conscience », dès les premières semaines du quinquennat, de « la force des flux migratoires » et de l’état d’esprit de ses homologues européens. L’Italie se déchire, l’Allemagne se fait peur… « Il se rend compte qu’Angela Merkel bute là-dessus. Les problèmes de majorité en Allemagne proviennent directement de là », souligne Gérard Collomb. Un conseiller va plus loin : « Avec le recul, le président se rend compte que Merkel n’a pas forcément bien agi. » Les déboutés de l’asile en Allemagne risquent de solliciter la France. Le nombre de demandeurs en France (plus de 100.000 en 2017) devient un problème pour l’exécutif, qui parle d’« embolie ».
(…) Les Echos