Si des villes comme Paris ou Lyon accueillent des populations riches et pauvres, les classes moyennes, elles, disparaissent.
Mesurer la ségrégation urbaine et la mettre en équations, c’est ce que tente de faire Jean-Michel Floch, économiste, dans un dossier de la revue Economie et statistiques de l’Insee, paru le 7 février. Son indicateur de ségrégation prend en compte la répartition des niveaux de vie dans des quartiers, découpés en carrés de 500 mètres de côté, de douze grandes aires urbaines françaises : Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse, Nice, Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Rennes, Grenoble et Montpellier.
Le niveau de vie d’un ménage est, rappelons-le, son revenu net, déduction faite des impôts et en incluant les aides sociales, par unité de consommation (UC). Le premier adulte vaut une unité, toute autre personne de plus 14 ans 0,5, et un enfant de moins de 14 ans vaut 0,3 unité. Exemple : un couple avec deux enfants âgés de 17 et 12 ans totalisera 2,3 unités de consommation. L’indicateur de ségrégation de M. Floch varie de zéro, lorsque les différents groupes sociaux sont également répartis dans chaque carré, à 1 si la ségrégation entre ces carrés est extrême car ils n’accueillent que des riches ou que des pauvres.
Première conclusion de l’économiste : les villes-centres sont plutôt mixtes. Paris, avec un indice de ségrégation de 0, 077, ou Lyon, à 0,066, accueillent ainsi des riches mais aussi des pauvres. A Paris, le niveau de vie médian est particulièrement élevé, à 26 015 euros, alors que la moyenne nationale s’établit à 19 786 euros (selon des données de 2012).
Les foyers aisés sont surreprésentés dans la capitale, où 42 % de la population se situe dans les 20 % les plus riches du pays, mais le taux de pauvreté y est aussi fort, à 16 %, contre 14 % de moyenne nationale. Entre les deux, les classes moyennes, elles, disparaissent, et l’on assiste à une dualisation entre des ménages aisés à fort pouvoir d’achat qui cohabitent avec des employés dans les activités de service, à faibles salaires. […]