En parler, c’est déjà être raciste. Pourtant, la discrimination à l’embauche envers les Blancs est une réalité bien mesurable dans la société française. Enquête de Valeurs Actuelles.
Pour travailler ici, il vaut mieux bien connaître notre type de clientèle. La phrase du gérant est lourde de sous-entendus. Dans cette petite boutique de téléphonie mobile, au milieu d’étagères encombrées de cellulaires à prix cassés, la clientèle est d’un type qu’on ne présente plus : nous sommes à la Goutte-d’Or, “quartier ethnique” de Paris, dans le XVIIIe arrondissement. Ici, achats de forfaits pour l’étranger et déblocages de carte Sim occupent les vendeurs en français comme en arabe. Pas un seul n’est blanc. Pas plus que dans les boutiques environnantes, étals d’épices, coiffeurs afro, marchands de tissus africains ou de produits exotiques, qui résistent encore à la montée des loyers et à la gentrification. Le vendeur de téléphones a dit non. […]
Poursuivant la recherche au téléphone, où la couleur de peau ne se voit pas, nous constatons bien vite qu’elle s’entend. Une petite enquête auprès de coiffeurs et salons de beauté pour femmes noires les montre bien rétifs à notre candidature, quand bien même ils ont mis des annonces de recrutement sur Internet. «Vous êtes passés par où ? Jean Louis David ? Ils ne traitent pas les cheveux crépus, non ?» De coup de fil en coup de fil, notre CV modèle de coiffeur pour dames se révèle aussi utile que celui d’un toiletteur pour caniches. «Votre profil est un peu classique. Nous, c’est des méthodes différentes, des ambiances différentes… La mise en plis, chez nous, c’est très différent.» La plupart du temps, il suffit d’énoncer son nom pour recevoir un non, accompagné de l’excuse d’usage : « Le poste a été pourvu. » […]
Pour Laurent de Béchade, président de l’Organisation de lutte contre le racisme anti-Blanc (Olra), « un mélange de crainte et de honte » réduit au silence les Blancs victimes de discrimination à l’emploi. […]
L’Olra tente de recueillir ces douloureux témoignages, souvent anonymes, comme celui de cette femme de ménage en école à Paris, qui s’est retrouvée isolée au milieu d’un personnel ethniquement homogène qui ne parlait plus français et la poussait à quitter l’établissement par tous les moyens. Ou celui de ce boulanger quadragénaire, à Toulouse, qui, après le dépôt de bilan de son précédent employeur, n’a pas retrouvé de travail dans un milieu boulanger fortement communautarisé et a dû quitter son quartier.
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Merci à Man from Dystopia