Faut-il y voir un simple ajustement statistique ? La chute d’un vestige d’une conception patriarcale de la société ? Pour l’Insee, l’homme n’est plus la «personne de référence » du foyer. Homme ou femme, c’est désormais la personne active la plus âgée dans les couples qui fera office de « personne de référence» dans le questionnaire du recensement.
Ce changement, annoncé lors de la présentation du dernier bilan démographique, en janvier, par l’Institut national de la statistique et des études économiques, laisse entrevoir le début d’une nouvelle photographie de la population française. «Avant, seules les femmes qui vivaient seules, dans une famille monoparentale ou dans un couple de femmes, étaient désignées comme personnes de référence», explique Valérie Roux, à la tête du département démographie de l’Insee.
Les femmes vont désormais peser davantage dans les statistiques publiques. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder la simulation effectuée par l’Insee à partir des données datant de 2014. Cette année-là, la catégorie «personne de référence» de l’Insee était composée de 71% d’hommes. Avec cette nouvelle définition, 44 % des ménages devraient avoir comme personne de référence une femme.
« Elles seront plus nombreuses, notamment parce qu’elles deviendront la ‘personne de référence’ du ménage dans les couples où l’homme est retraité et la femme active», décrypte Valérie Roux. Les hommes seront cependant toujours plus souvent la ‘personne de référence’ en raison du nombre majoritaire de couples d’actifs où l’homme est plus âgé que la femme.»
Ainsi, toute référence – directe ou indirecte- au pater familias disparaît peu à peu des textes. En 2014, la loi pour l’égalité femmes-hommes avait déjà enterré l’expression « en bon père de famille» dans plusieurs codes, jugée « discriminatoire » par des députés écologistes. Quant au «chef de famille», il a été rayé du Code civil par la loi du 4 juin 1970 qui a consacré « l’autorité parentale conjointe ». […]