Nadir Dendoune a réalisé le film “Des figues en avril* dans lequel il rend hommage à sa mère, immigrés algérienne et à la génération d’immigrés des années 60. Le cinéaste et journaliste s’est confié au Point Afrique.
Pour moi, mes parents sont des héros de la République française qui ont participé à la construction de ce pays et ont élevé avec brio neuf Français. Ils méritent la Légion d’honneur même si la Légion d’honneur ne les mérite pas.
À un moment vous lui dites « nous sommes des banlieusards », mais elle répond « nous sommes des paysans ». À quels monde ou héritage appartient Nadir Dendoune ?
Avant d’être français, algérien ou australien (j’ai trois passeports), je suis avant tout un banlieusard. Mes parents m’ont transmis leurs valeurs prolétaires. Grâce à eux, j’ai également une conscience de pauvres. Quand tout le monde est obsédé par la question identitaire, ma mère remet au cœur du débat la question sociale. Je suis plus proche d’un « Blanc », fils de prolo, qui a grandi dans un quartier populaire que d’un fils de diplomate marocain ou de général algérien ou encore d’un riche qatari. On a tendance à trop l’oublier en ce moment… […]
À un moment de tension, votre mère paraît un peu dure en évoquant l’Algérie…
Elle n’est pas dure avec son pays. Elle aime l’Algérie plus que tout. Elle en veut aux dirigeants qui n’ont pas œuvré pour le bien commun et qui, d’une certaine façon, ont été un des obstacles au retour de centaines de milliers d’exilés algériens.
Est-ce que ce n’est pas aussi un documentaire sur l’amour entre deux personnes piégées par l’exil et la vie ?
Oui. Ma mère n’aurait jamais imaginé, après avoir construit une maison en Algérie, acheter un appartement dans une petite ville de Kabylie, finir seule dans un HLM de Seine-Saint-Denis. Ma mère est pleine de regrets même si pour elle, tout ce qui arrive fait partie de son destin. Bien que son cœur soit triste, sa foi en Dieu lui fait tenir le coup.