Le régime syrien a repris le contrôle de “plus de 25% de l’enclave rebelle” dans la Ghouta orientale (Ghouta signifie oasis en arabe), alors qu’il mène depuis plusieurs jours des combats au sol contre les insurgés, rapporte une ONG.
Les forces du régime se trouvent désormais à trois kilomètres seulement de Douma, la grande ville de la Ghouta, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
L’ONG indique également que la rapidité de cette progression est aussi “due au fait que les opérations se déroulent principalement dans des secteurs agricoles”, et non en milieu urbain.
Le Figaro fait le point sur les groupes rebelles présents dans la Ghouta orientale.
● Jaïch al-Islam, un groupe salafiste, principalement parrainé par l’Arabie Saoudite
La Ghouta est principalement occupée par deux organisations. L’Est est tenu par Jaïch al-Islam (l’Armée de l’islam, en arabe), l’Ouest par Faylaq al-Rahmane (la Légion du Tout Miséricordieux). Le premier groupe obéit à une inspiration salafiste, ce courant rigoriste de l’islam sunnite, qui se tient à une lecture strictement littérale du Coran. […] Jaïch al-Islam limite ses ambitions à la seule Syrie et ne s’inscrit pas dans une visée internationale. […]
Fin 2015, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, déclarait ainsi à l’AFP que Jaïch al-Islam «avait placé des soldats du régime faits prisonniers et des civils alaouites dans des cages et les avait dispersés sur des places de la Ghouta orientale». «Les rebelles utilisent bien les civils comme bouclier», confirme Frédéric Pichon, qui rappelle que «si l’on observe les tactiques de guerre urbaine à Raqqa, à Alep ou à Mossoul, les QG et les centres de commandement se trouvaient dans les hôpitaux».
● Faylaq al-Rahmane, un groupe proche des Frères musulmans
L’ouest de la Ghouta est tenu quant à lui par Faylaq al-Rahmane, qui est aujourd’hui le principal groupe rebelle affilié à l’Armée syrienne libre. S’il s’agit bien d’un groupe islamiste, il est néanmoins plus modéré que les groupes salafistes comme Jaïch al-Islam ou djihadistes comme Al-Nosra. Parrainé par la Turquie et le Qatar, Faylaq al-Rahmane est proche des Frères musulmans. […]
● Une présence résiduelle de groupes djihadistes
À côté de ces deux principaux groupes rebelles, «il existe une présence résiduelle d’autres groupes salafistes, comme Ahrar al-Cham, et djihadistes», ajoute Frédéric Pichon. Pour le spécialiste de la Syrie, «les groupes djihadistes permettent à la Russie de justifier le maintien des opérations militaires puisque la trêve votée dans le cadre de la résolution ne concerne pas les groupes jugés les plus radicaux».
«Comme dans toutes les guerres urbaines, la question des civils est primordiale, mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un champ de bataille, opposant deux armées», explique Frédéric Pichon. Début 2018, l’AFP évaluait les effectifs de Jaïch al-Islam à près de 10.000, ceux de Faylaq al-Rahmane à 8000. […]