Pour Le Monde, avec la victoire des partis eurosceptiques, l’Union européenne est “confrontée au scénario du pire”.
Ces élections italiennes signent aussi une nouvelle manifestation de la débâcle de la social-démocratie partout en Europe. Un affaiblissement généralisé qui va poser un sérieux problème à Bruxelles après les européennes, alors que l’alliance de fait entre centre gauche-centre droit contrôlait jusqu’à présent les principaux postes de pouvoir de l’UE (Eurogroupe, Conseil, Commission, etc.).
Les dirigeants européens avaient commencé la journée du dimanche 4 mars avec une bonne nouvelle : les adhérents du SPD venaient de voter sans ambiguïtés pour une grande coalition avec la CDU en Allemagne, ouvrant la voie à un quatrième mandat de chancelière pour Angela Merkel et surtout à la fin de la paralysie politique en Allemagne, et par contrecoup à Bruxelles où aucune décision d’importance ne peut se prendre sans Berlin – ni Paris.
Mais la mauvaise nouvelle est arrivée d’Italie dans la soirée. […]
Les extrêmes ont été logiquement les premiers à se réjouir. «L’Union européenne va passer une mauvaise soirée», twittait la présidente du FN, Marine Le Pen, dans la soirée de dimanche. «Toutes mes félicitations aux collègues du Parlement européen, le Mouvement 5 étoiles, pour être arrivés en tête ce soir», postait l’eurodéputé du parti britannique UKIP Nigel Farage sur le réseau social à l’aube, lundi. Et d’ajouter : «L’euroscepticisme se redresse.»
Les Bruxellois qui, au soir de l’élection d’Emmanuel Macron, au son de l’hymne européen, avaient salué la victoire de la raison contre les populismes europhobes ont désormais des raisons de s’inquiéter à quinze mois des prochaines élections européennes. Car le scrutin italien prouve, s’il était besoin, que la défiance à l’égard de l’Union européenne reste très vivace, et que la crise dans laquelle se débat la classe politique britannique depuis le référendum pour le Brexit n’a pas définitivement tué les arguments des europhobes.[…]