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Aux concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (ENA), les examinateurs mettent en garde les candidats contre le bachotage et la volonté de se couler dans un moule. Les correctrices et correcteurs de la dernière session d’épreuves écrites et orales « ont pleinement assumé de noter moins bien des copies complètes sur le plan des connaissances mais sans engagement personnel, tandis que d’autres, moins académiques mais témoignant d’une réflexion solide, ont été valorisées », indique le rapport 2017 de la préfète et présidente des jurys, Michèle Kirry, rendu public lundi 5 mars.
Si son rapport n’entend pas dénoncer « uniformément le “formatage” des candidats », il souligne néanmoins que la majorité des candidats, passés par des préparations spécialisées, y ont travaillé « peu ou prou avec les mêmes méthodes, souvent les mêmes fiches, et vraisemblablement les mêmes ouvrages ou publications », ce qui ne les conduit pas à se distinguer. Or, insiste le texte, il reste possible « de réussir en mettant un peu de son opinion personnelle, de son esprit critique et pour tout dire de sa personnalité dans sa copie ou son exposé », car il sera demandé davantage à un haut fonctionnaire qu’une vaste restitution de connaissances.

« Etalage artificiel de savoirs emmagasinés sans recul »
Utiliser les « plans types » appris en prépa trahit souvent une « insuffisante réflexion personnelle », selon le jury. A propos des sujets de la dernière session, il relève ainsi :

« Il est tout à fait possible par exemple de penser et d’écrire que le rôle de l’Etat n’est pas de s’occuper du bonheur du citoyen, ou que le bilan du CICE [crédit d’impôt compétitivité emploi] est très en deçà des ambitions d’origine ou même que l’accorder à toutes les entreprises sans s’assurer de son utilisation a été une erreur… ce qui compte étant la démonstration apportée à l’appui de ces prises de position. »
Des argumentations que le jury a, semble-t-il, trop peu rencontrées… Autre exemple, le sujet sur « l’adaptation du droit » posé au concours externe a, selon le jury de cette épreuve, « été de façon quasi unanime traité de la même manière par les candidats » avec « l’utilisation massive du même plan », reflétant sans doute « une certaine unicité de vue » ou « une certaine frilosité ». « Cette uniformité est un peu préoccupante », écrit le jury, qui note aussi une « grande difficulté » des candidats à problématiser le sujet. Sa conclusion sonne comme une condamnation en règle du bachotage : « Peu de connaissances bien maîtrisées et intelligemment utilisées valent mieux qu’un étalage artificiel de savoirs emmagasinés sans recul et à peine digérés. » Bref, une tête bien faite vaut mieux que bien pleine…  (…)

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