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Une vingtaine de spécialistes rendent ses couleurs au Moyen Âge au-delà des idées reçues, à la lumière des acquis de la recherche historique.

Le propos est double : débarbouiller le Moyen Âge des préjugés qui l’encombrent et présenter les acquis récents de la science. Autrefois, un seul auteur suffisait. La recherche est devenue si foisonnante, la période si étendue et si variée qu’une vingtaine de spécialistes, et non des moindres, participe à cet essai. Par un jeu de questions et de réponses, le point est fait sur vingt-cinq sujets très divers, l’exactitude historique rétablie, la genèse de ces fausses idées et la raison de leur persistance expliquées. Entre légende dorée et légende noire, le Moyen Âge retrouve ses couleurs.

Le Figaro

Contre la thèse présentant la France comme une idée anachronique au Moyen Âge, le professeur émérite Philippe Contamine (Paris-Sorbonne) montre qu’il ne fait pas de doute qu’un sentiment identitaire commun se retrouve au sein des populations vivant dans le royaume de France à la fin du Moyen Âge. Gabriel Martinez-Gros (Paris-Nanterre) enfonce un clou supplémentaire dans le cercueil du mythe d’Al-Andalus, rappelant notamment que ladite « tolérance » des chrétiens et des juifs n’était possible que par l’existence d’un statut juridique inégalitaire, la dhimma. […]

Au fil des contributions s’effondrent une à une les « fake news » les plus tenaces. Non, le droit de cuissage des seigneurs sur l’épouse de leurs sujets n’a jamais existé. Non, l’Église médiévale n’a jamais formulé l’idée que la femme n’avait pas d’âme. Non, il n’y a pas eu, à l’exception des années 1230-1240, de massacres commis à l’instigation de l’Inquisition, lesquels auront lieu à l’époque moderne lorsque l’Inquisition sera d’ailleurs prise en main par les pouvoirs publics. Non, il n’a pas fallu attendre les voyages de Christophe Collomb pour savoir que la Terre n’était pas plate, et l’Église, contrairement à ce qu’ont propagé les anticléricaux du XIXe siècle, ne s’est jamais opposée à la théorie de sa sphéricité.  […]

Au terme de cette lecture, l’on comprend mieux comment le Moyen Âge est en fait « une construction idéologique à laquelle on a tenté de donner une consistance scientifique » (Boris Bove). Une construction idéologique qui nous invite à concevoir l’Histoire telle que les marches d’un escalier. […]

Par contrecoup, cette réévaluation du Moyen Âge depuis quelques années amène à porter un autre regard sur la période que l’on appelle la « Renaissance », laquelle aurait mis un terme à ce coma millénaire, faisant rayonner les arts et les sciences, inventant tous les attributs de la Modernité. Il serait trop long de rappeler tout ce que la Modernité doit au Moyen Âge, de la science économique à la construction étatique en passant par l’université, l’introduction du feu sur les champs de bataille, la navigation ou la bourse.

Néanmoins, avec Une autre histoire de la Renaissance (Perrin, 2018) l’historien Didier le Fur fait la lumière sur cette autre construction idéologique qu’est la Renaissance, présentée à tort comme une rupture historique. […]

Suite de l’article sur La Camisole

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