L’empathie ne serait pas qu’une question d’éducation ou d’expérience : c’est le résultat d’une étude, menée notamment par des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Université Paris Diderot. Selon les scientifiques, les gènes jouent un rôle dans l’empathie, ce qui permettrait de mieux comprendre l’autisme.
Pour cette étude publiée lundi 12 mars dans la revue Translational Psychiatry, les chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Université Paris Diderot se sont associés aux scientifiques de l’Université de Cambridge et du CNRS. Ils ont pu démontrer que les gènes jouent un rôle dans notre capacité à comprendre l’émotion et le ressenti des autres et à y apporter une réponse adaptée.
Pour mener leurs recherches, les scientifiques ont utilisé les données de l’entreprise américaine 23andMe qui propose des analyses génétiques à ses clients. En tout, 46.000 personnes dont on connaissait le génome ont répondu à un questionnaire, censé mesurer leur degré d’empathie. Les chercheurs ont ensuite comparé leurs réponses à leur génome, et ont pu découvrir que les gènes expliquaient 10 % des différences entre les individus.
Selon Thomas Bourgeron, généticien et professeur à l’Université Paris Diderot : “Il n’y a pas de gène unique de l’empathie, loin de là. Ce que l’on a montré, c’est que l’on avait des variants génétiques qui étaient plus fréquents chez des personnes avec empathie, et puis d’autres qui étaient plus fréquents chez des gens qui en avaient moins“.
Si le rôle joué par les gènes ici peut sembler modeste, les scientifiques estiment au contraire qu’il s’agit d’une découverte majeure, qui pourrait permettre d’avancer dans la connaissance de l’autisme.
“L’empathie fait partie du cerveau social, et c’est vrai que les personnes atteintes d’autisme ont des problèmes d’interaction sociale, et ont du mal en particulier à comprendre les émotions des autres, explique Thomas Bourgeron. Ce type d’étude sur l’empathie pointe vers les variants qui sont peut-être impliqués dans le trouble autistique.”
Varun Warrier de l’Université de Cambridge explique ainsi : “Nous franchissons une étape majeure dans la compréhension du rôle joué par la génétique dans l’empathie. Si les gènes n’expliquent qu’un dixième de la variation du degré d’empathie entre les individus, les facteurs non génétiques sont aussi essentiels.”
L’étude a permis de constater aussi que les filles étaient plus empathiques que les garçons. En revanche, les analyses ont montré que cette différence entre les deux sexes ne serait pas due à notre ADN. L’explication serait plutôt à chercher du côté de l’éducation, de la socialisation, et de facteurs biologiques non génétiques.
Merci à Jérémy