L’opposition russe et une ONG ont dénoncé plus d’un millier d’irrégularités lors de la présidentielle de dimanche en Russie, visant surtout à augmenter la participation pour le scrutin au terme duquel Vladimir Poutine devrait largement remporter un quatrième mandat.
L’ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des élections et qui dresse une carte des fraudes sur son site Internet, faisait état de 2.033 cas d’irrégularités d’irrégularités tels que du bourrage d’urne, des cas de votes multiples ou des entraves au travail des observateurs. Le mouvement du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, qui affirme avoir dépêché plus de 33.000 observateurs dans les bureaux de vote, a rapporté également des centaines de cas de fraudes, surtout à Moscou et sa région, à Saint-Pétersbourg et en Bachkirie dans l’Oural.
Golos s’est inquiétée notamment d’informations faisant état de contraintes exercées par des employeurs ou universités forçant employés et étudiants à voter non pas à leur lieu de domicile mais sur leur lieu de travail ou d’étude, “où l’on peut contrôler leur participation au scrutin”.
Des militants de l’opposition ont fait par exemple état dimanche d’électeurs amenés en bus dans les bureaux de vote par la police ou de coupons de réductions distribués aux Russes se rendant aux urnes. “On a promis aux électeurs des poulets” en échange de leur vote, a ainsi rapporté Ivan Jdanov, juriste de l’équipe de M. Navalny. Des coupons de réductions pour des produits alimentaires, des “médailles” ou des billets pour des concerts ont aussi été distribués aux électeurs, selon des témoignages diffusés sur les réseaux sociaux.
L’élection pour le chef du Kremlin est sans suspense ce dimanche 18 mars. Le principal opposant, Alexeï Navalny, a été interdit d’élection. Ceux qui ont pu candidater face à l’actuel président ne représentent aucun danger pour lui.
Navalny, l’irréductible opposant, a été interdit d’élection à la suite d’une condamnation qu’il conteste. Il a appelé au boycott. Ce qui ne l’empêche pas de rester actif pendant que les autres font campagne. Trois appels à manifester depuis le début de l’année. Et, à chaque fois, des rassemblements suivis par des milliers de partisans, dans une centaine d’endroits à travers le pays. Des jeunes surtout.
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Avec ses 30 % aux municipales de Moscou en 2013, Navalny était le seul à pouvoir inquiéter Poutine. Le voici écarté. Quant aux autres, le Kremlin ne les a pas choisis, mais a laissé se présenter ceux qui ne présentaient aucun danger. Les deux communistes chassent sur les mêmes terres. Ils vont s’annuler.
Idem pour les deux représentants du camp libéral-progressiste : Grigory Yavlinski et la jeune Ksenia Sobtchak, qui offre l’avantage de faire de l’ombre à Navalny. Quant aux trois autres, outre l’inévitable Jirinovski, qui porte les couleurs de l’extrême droite, ils ne sont que des figurants.
Pourtant, l’opposition existe en Russie, mais elle est incapable de s’entendre. Fin février, plusieurs milliers de personnes défilent à Moscou en hommage à Boris Nemtsov, l’opposant tué d’une balle dans la tête près du Kremlin, trois ans plus tôt. Il fait un froid sibérien.
Les manifestants reprennent le slogan pour « une Russie libre ». Mais pas question de se mélanger. Navalny ou Sobtchak, chaque camp reste dans son coin.
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Merci à Wheatley