« Je faisais de la natation de haut niveau. Ensuite, je suis devenue coach sportif. Du matin au soir, j’entrainais et je m’entrainais », rappelle-t-elle depuis son lit d’hôpital. Deux ans jour pour jour après les attentats de Bruxelles, ce dont elle rêve aujourd’hui n’est plus de briller en fitness. Elle aimerait simplement pouvoir tenir debout.
« La plupart du temps, je suis alitée avec une ou deux séances de kiné par jour pour réapprendre les bases : marcher, trouver mon équilibre et renforcer les membres qui n’ont pas été touchés, soupire cette femme courageuse. Ma vie s’est arrêtée le 22 mars 2016 et depuis c’est un long calvaire. »
Ce matin-là, Karen est arrivée tôt à l’aéroport international de Bruxelles, à Zaventem. Elle doit s’envoler pour les Etats-Unis, retrouver sa grand-mère. Mais à 7h58, deux kamikazes se font exploser dans le hall des départs. « C’était atroce », confie la jeune femme qui se souvient « des odeurs de brûlés, des cris stridents, des bagages et des individus en flammes. »
Elle est gravement atteinte. Des morceaux de bombe se sont fichés dans sa jambe. Elle est aussi touchée à la hanche, à l’abdomen. […] Quand Karen arrive à l’hôpital, les médecins sont pessimistes. Elle a déjà fait trois arrêts cardiaques. […] Karen subit des dizaines d’opérations. On doit notamment lui retirer l’estomac.
« Pendant un mois, je vacillais entre conscience et inconscience, racontera-t-elle à la RTBF, la chaîne audiovisuelle publique belge, en 2017. Des tubes par la gorge, par le nez, plein de choses que je ne souhaite à personnes. » De 60 kg, elle passe à 35. Elle a aussi perdu une partie de l’audition, à cause de l’explosion. Surtout, une bactérie est venue compliquer son état, infectant sa jambe et retardant sa guérison. Les médecins imaginent alors l’amputer, mais la blessure est trop haute, trop près de l’aine. […] En tout, elle passe 76 jours aux soins intensifs. Incapable de travailler, elle se retrouve démunie, « oubliée » par les autorités belges mais peut compter sur le soutien de ses proches.
Cependant, deux ans après, elle est toujours loin d’être tirée d’affaire. « Mon état est très faible à l’heure actuel », reconnaît Karen, qui, victime d’une rechute la semaine dernière, multiplie depuis quelques jours les examens et les traitements antibiotiques. Elle sait aussi que d’autres opérations sont nécessaires. La date-anniversaire de l’attaque n’arrange rien. « Je suis angoissée, avoue-t-elle. J’ai une boule au ventre à l’idée de la souffrance que j’ai connue ce jour-là. » […]