Alexandre Del Valle est spécialiste des questions liées au terrorisme islamiste.Durant une heure d’entretien, Alexandre Del Valle a livré un regard sans complaisance sur les problèmes que l’islam pose à nos sociétés ouvertes.
“Les stratèges du djihadisme s’appuient par ailleurs sur les textes sacrés. De cette manière, ils sont parvenus à légitimer et à décomplexer ceux qui commettent des crimes au nom d’Allah. Imaginez qu’un homme aille poser une bombe dans une synagogue après avoir lu Mein Kampf, en se réclamant des idées d’Adolf Hilter. Dirait-on d’un tel homme qu’il se serait « autoradicalisé » ou qu’il serait un terroriste nazi ? J’ai peur qu’Emmanuel Macron ne nie le fait que les organisations islamistes internationales aient une influence mondiale et un réel enracinement théologique. Car elles sont doctrinalement très attachées par le corpus orthodoxe de l’islam sunnite qu’elles citent savamment.”
“Pour ce qui concerne la guerre de Syrie, elle a permis à une fraction des musulmans vivant en France de donner de la cohérence à leurs aspirations à la sécession ou à la haine anti-française/anti-occidentale, préexistante ou latente, c’est-à-dire au séparatisme communautariste-islamiste, en leur permettant de répondre à l’appel lancé par l’État islamique à faire la Hijra, c’est-à-dire l’immigration sacrée pour quitter l’Etat mécréant (dar al harb, territoire de la guerre) vers un État régi par la charia et par le Califat rétabli (dar al-islam).”
“Le « martyr » guerrier valorisé par le Coran, les hadith et la Sîrah (vie de Mahomet) est même le seul acte exceptionnel qui autorise d’enfreindre des rituels ou des comportements habituellement impératifs. L’islam est donc, sur ce point, très différent du christianisme. Un chrétien ne peut être à la fois pécheur et racheté, amour et haine à la fois, sa religion n’acceptant pas cette contradiction. Alors qu’un islamiste a le droit de pécher même de façon ultra-violente s’il meurt en martyr dans le but d’étendre le règne de l’islam. Cela prouve que c’est une religion qui est d’abord une religion politique. Qui peut aujourd’hui l’ignorer ?”