Jusqu’en 2013, le parti hongrois Jobbik brûlait des drapeaux européens et suggérait d’établir des listes de juifs “à risque”. Aujourd’hui, son dirigeant envoie des cartes de voeux pour les fêtes juives et se présente comme le seul à même de détrôner le souverainiste Viktor Orban.
Créditée de 15 à 18% des voix à l’approche des législatives du 8 avril, cette formation nationaliste se présente comme la deuxième force du pays derrière le Fidesz de M. Orban, et son principal rival.
Et la possibilité que la gauche noue localement des accords informels avec ce parti naguère honni, en vue de faire battre le Premier ministre sortant, n’est plus considérée comme une pure fiction par les politologues.
Mais le virage politique de l’une des formations d’extrême droite les plus radicales d’Europe, qui tente de se réinventer en grand parti conservateur, ne laisse pas de déconcerter.
[…]le Jobbik, jugé infréquentable même par le Front national français et le FPÖ autrichien, reste cette formation liée aux descentes anti-Roms qui avaient traumatisé sa communauté, en 2011.“Ils étaient des milliers, certains faisant tourner des cravaches au-dessus de leurs têtes, nous étions terrorisés”, se souvient-il.
Depuis cinq ans, Gabor Vona, le dirigeant du Jobbik, n’a pas ménagé sa peine pour convaincre qu’il avait abandonné le camp des extrêmes. Outre ses voeux présentés à la communauté juive pour la fête d’Hanouka, il a demandé pardon aux Roms pour les dérapages du passé.
Il assure avoir compris ses erreurs, dénonce ceux qui “attisent l’animosité entre les cultures et les religions”, prône le dialogue, la tolérance et assure avoir fait le ménage dans sa formation.
[…]Gabor Vona a remisé la rhétorique xénophobe et fait campagne, avec son slogan “mains propres”, contre la corruption alléguée des cercles du pouvoir. Le parti fait de l’amélioration des services publics éducatifs et de santé une priorité.
Dans les sondages, le “nouveau Jobbik” semble cependant avoir du mal à convaincre. A 15-18%, il reste loin derrière le Fidesz, donné vainqueur. Et en-deçà des 20% qu’il avait recueillis aux législatives de 2014.
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