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Les sociologues Anne Muxel et Olivier Galland sont les auteurs d’une enquête inédite sur la radicalité chez les jeunes menée auprès de 7 000 lycéens. Les conclusions de leur travail révèlent « un clivage culturel entre les jeunes musulmans et les non-musulmans ».

 

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Le rapport à la police

« Lorsque ce ne sont pas des exemples personnels qui sont rapportés pour étayer ce type de propos, ce sont des “bavures” policières qui viennent très souvent servir d’illustration de leur ressenti, dont les plus médiatiques, celles de Zyed et Bouna, Adama, ou la plus récente, Théo, qui faisait la première page des journaux au moment où nous réalisions ces entretiens. “Théo, il a juste levé les mains, ils ont commencé à le taper. Non, ce n’est pas ça, la vie. Et comme par hasard, c’est le seul Noir. Les Blancs, on ne les voit plus dans l’histoire.”

Devant ce que de nombreux lycéens d’origine immigrée interprètent comme une nouvelle provocation raciste, les rapports avec la police sont davantage empreints de méfiance, voire de peur : “La police devrait nous protéger, et pas nous tuer” ; “Je n’ai plus confiance en eux” . A cela s’ajoute le sentiment partagé par de nombreux lycéens que les crimes et délits des policiers resteraient trop souvent impunis, accentuant encore davantage la défiance qu’ils disent éprouver à leur égard : “On ne peut plus rien dire contre les policiers parce qu’après, ils portent plainte… pour rébellion, parce que, eux par contre, ils vont toujours s’en sortir” ; “C’est un peu eux qui commandent et qui instaurent la loi, mais je trouve qu’ils se permettent trop de choses” . De là une tentation, pour certains d’entre eux, de répondre par des actions violentes à ce qu’ils considèrent comme de la provocation : “Je ne vais pas les affronter, ça ne sert à rien. Par contre, brûler des voitures, ça peut être efficace. Comme ça, on les cherche, comme eux ils font avec nous.”

La croyance en la légitimité de l’action policière semble, dans certains établissements enquêtés, indéniablement se fissurer. Une “crise du consentement” (Hajjat, 2014) est ici observable. Même si les opinions les plus radicales apparaissent minoritaires, elles ne sont pas pour autant marginales : un lycéen sur trois déclare en effet avoir déjà affronté la police ou être prêt à le faire (34 %). Mais ce n’est finalement pas tant la simple éventualité d’un passage à l’acte qui interpelle que l’affrontement effectif contre des forces de l’ordre déclaré par près de 7 % des lycéens de notre enquête. »

(Laurent Lardeux, chargé d’études et de recherche à l’Injep, pages 310-311)

La Tentation radicale. Enquête auprès des lycéens, d’Olivier Galland et Anne Muxel, Presses universitaires de France, 464 pages, 23 euros.

Le Monde

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