Les militants anti-islam se mobilisent depuis le meurtre d’une adolescente de 15 ans par un Afghan, en décembre 2017.
Une fois de plus, Kandel (Rhénanie-Palatinat) va se transformer en camp retranché. Samedi 7 avril, plusieurs manifestations sont à nouveau prévues dans ce bourg coquet de 8 500 habitants situé dans l’ouest de l’Allemagne, à une dizaine de kilomètres de la frontière française. Des centaines de policiers seront mobilisés. Le centre-ville sera bouclé. Et, comme c’est régulièrement le cas depuis le début de l’année, des journalistes venus des quatre coins du pays s’intéresseront à ce petit bout d’Allemagne devenu l’épicentre des angoisses nationales liées à l’immigration en général, et à l’islam en particulier.
Tout a commencé le 28 décembre 2017. Ce jour-là, Mia, 15 ans, est attaquée au couteau par son ex-petit ami dans une parapharmacie de Kandel. Elle meurt à l’hôpital. La victime est allemande, son agresseur est afghan. Rapidement, l’enquête révèle que le jeune homme, arrivé en Allemagne en avril 2016, s’est vu refuser deux fois sa demande d’asile. On apprend qu’il n’a pas 15 ans, comme il le prétendait, mais au moins trois ou quatre de plus. Majeur et sans titre de séjour, il était donc expulsable.
Dès le 2 janvier, cinq jours après la mort de Mia, une manifestation a lieu à Kandel. Elle réunit 400 personnes. D’autres rassemblements sont organisés. Ils attirent chaque fois plus de monde : le 28 janvier, environ 1 000 personnes sont présentes ; le 3 mars, elles sont plus de 4 000.
(…) Par souci de ne pas donner le sentiment d’emboîter le pas à une extrême droite radicale à l’origine de la mobilisation, le parti Alternative pour Allemagne (AfD) jouera, dès le début, un rôle ambivalent dans l’affaire. Officiellement, il se tient à l’écart. Mais, si ses dirigeants n’ont pas appelé à manifester sous la bannière du parti, ils n’en soutiennent pas moins le mouvement. « Les gens ont peur. Avant, ce genre d’agression avait lieu dans des grandes agglomérations. Maintenant, on découvre qu’on peut se faire tuer au couteau dans des petites villes sans histoire. Kandel est un symbole », explique Matthias Joa, député AfD au Parlement de Rhénanie-Palatinat.
A 36 ans, cet ancien militant de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti d’Angela Merkel, accuse la chancelière d’avoir « ouvert le pays à une immigration incontrôlée » ayant pour conséquence de « rendre les Allemands minoritaires dans leur propre pays ». Dès lors, estime-t-il, « il est normal qu’une résistance citoyenne s’organise » car « les gens commencent à comprendre que ce n’est plus l’Etat qui leur apportera la protection qui leur est due ».
(…) Pour ces « mamans allemandes », comme elles se définissent, c’est une évidence : « Comme femmes, nous sommes en danger. Regardez comment l’islam nous considère. Si on n’agit pas aujourd’hui, ce qui s’est passé à Kandel va se passer partout ailleurs », assurent-elles. Lectrices de Soumission, le roman de Michel Houellebecq (Flammarion, 2015) qu’elles qualifient de « livre prophétique sur l’islamisation », elles estiment que « désormais, ce n’est pas seulement notre mode de vie, mais notre vie tout court qui est menacée ». Pour elles, les agressions sexuelles de la Saint-Sylvestre 2015 à Cologne ont été un tournant. « Le pire, dans cette affaire, c’est le silence des médias et des politiques qui ont mis des jours à réagir et à regarder la vérité, à savoir que les agresseurs étaient pour la plupart des musulmans. Il s’est passé la même chose à Kandel. »
Merci à valdorf