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Le sociologue Olivier Galland a codirigé une grande enquête sur la radicalité des lycéens, lancée à la suite des attentats de 2015. Il pointe le traditionalisme des convictions religieuses de ces lycéens, ainsi que leur antilibéralisme. Selon les résultats du sociologue, les musulmans sont les jeunes les plus tolérants face à la violence religieuse. Pour lui, la radicalité religieuse s’explique moins par des facteurs économiques et sociaux que par un «effet islam». Il dénonce l’aveuglement de certains de ses collègues.

D’après votre enquête, les lycéens musulmans formeraient une jeunesse «à part»…

C’est en effet l’une de nos conclusions majeures, qui montre une forte évolution par rapport à des travaux antérieurs qui jusqu’à présent faisaient autorité. Je pense par exemple à une enquête de Michèle Tribalat, menée dans les années 90. Elle était optimiste sur ce qu’on appelait à l’époque «l’assimilation culturelle». Elle observait une tendance au rapprochement entre les normes, les valeurs et les pratiques des jeunes d’origine étrangère et celles des jeunes de la population majoritaire. Nous constatons au contraire une divergence, et l’existence d’un clivage culturel entre les jeunes musulmans et leurs camarades. Pour eux, la religion domine le monde séculier. […]

Le L’«effet islam» explique bien mieux la radicalité que des facteurs socio-économiques. C’est un résultat important. Le niveau social de la famille, l’optimisme ou le pessimisme du lycéen face à l’emploi ou à ses résultats scolaires n’ont aucun effet sur le degré d’adhésion à des idées religieuses radicales.

[…] Je pense qu’une partie de la sociologie est aveugle, sous prétexte de ne pas stigmatiser. La discrimination existe, c’est prouvé scientifiquement. Mais il ne faut pas non plus envisager ces jeunes-là uniquement d’un point de vue victimaire. Sinon, on ne peut pas les considérer comme les acteurs sociaux qu’ils sont. Cette sociologie-là est trop idéologique, elle s’est appuyée trop exclusivement sur l’analyse des discriminations. La neutralité axiologique est importante, elle est trop souvent oubliée aujourd’hui.

Libération

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