Alors que s’ouvre à l’Assemblée nationale le débat sur la loi asile et immigration, le Collège de France inaugure une nouvelle chaire : « Migrations et sociétés ». Son titulaire, le démographe François Héran est notre invité.
Dire que certaines régions sont submergées par les demandeurs d’asile ne correspond pas à la réalité.
Mon rôle(…) c’est de pouvoir armer les auditeurs des éléments suffisants pour pouvoir réagir.(…) Si vous dites, il y a 300.000 personnes qui sont accueillies chaque année en France, vous impressionnez à bon compte le public, mais 300.000 c’est 0,3% de la population française.(…)
La migration c’est quelque chose d’assez minoritaire, c’est vrai que si au fil des décennies vous avez un filet de migrants qui entre, finalement ça finit par faire beaucoup de monde, et en France on arrive à ce résultat, c’est que nous avons pratiquement, quasiment, 1/4 de la population qui est soit immigrée soit enfant d’un ou de deux immigrés, mais c’est une infusion durable c’est pas une intrusion massive(…)les Allemands font des choses totalement différentes, eux ils ont une force de frappe caritative, une force de mobilisation extraordinaire pour absorber les réfugiés(…) en gros, ils ont accueilli 8 à 10 fois plus de monde que nous.
On a une série de problèmes à résoudre, par exemple, la concentration géographique des immigrés est un problème, le taux de chômage de la seconde génération qui est supérieur à la première c’est un vrai problème, etc.
La marge du politique elle est très très faible(…) parce que l’immense majorité des gens qui entrent en France entrent parce qu’ils en ont le droit et non pas pour satisfaire les besoins d’économie ou pour réparer notre pyramide des âges.
L’immigration s’est maintenant banalisée, elle est devenue une composante ordinaire de la société, il va falloir qu’on s’y habitue, par exemple il faut intégrer le fait que l’Europe, notamment l’Union européenne (…), c’était déjà le cas avant la crise de 2015/2016, nous accueillons proportionnellement plus de migrants que les États-Unis(…) il faut qu’on se fasse à cette idée que, oui nous sommes un grand pays d’immigration.
Connait-on le nombre de personnes issues de l’immigration qui vivent en France ?
par CheckNews
Concernant les personnes immigrées
En 2014, il y avait donc 5,9 millions d’immigrés en France. Soit 8,9 % de la population résidant en France. Parmi les immigrés, 3,6 millions sont de nationalité étrangère et 2,3 millions, soit 39 % d’entre eux, ont acquis la nationalité française.
Concernant les descendants d’immigrés
En 2015, selon une étude de l’INSEE publiée en février 2017, 7,3 millions de personnes nées en France ont au moins un parent immigré, soit 11 % de la population. A noter que cette définition de descendant d’immigré inclut donc aussi des personnes ayant un parent non immigré.
Sur ce total de 7,3 millions de descendants d’immigrés, l’INSEE précise
45 % sont d’origine européenne : la plupart sont enfants d’immigrés arrivés en France en provenance d’Espagne ou d’Italie dès les années trente, ou du Portugal un peu plus tardivement, à partir de 1970 . De plus, 31 % des descendants (définitions) sont issus des vagues d’immigration en provenance du Maghreb ; à partir de l’après-guerre pour les Algériens et à la fin des années soixante pour les Marocains. À partir du milieu des années soixante-dix, l’immigration concerne davantage les pays de l’Afrique (hors Maghreb) ou de l’Asie, mais les flux sont moins importants. Ainsi, en 2015, 11 % des descendants ont au moins un parent né en Afrique subsaharienne et 9 % ont au moins un parent né en Asie
Cette répartition varie selon l’âge des descendants d’immigrés, reflétant l’histoire de l’immigration française. Ainsi, au sein des descendants d’immigrés de 50 ans ou plus, 88 % sont d’origine européenne. Parmi les descendants d’immigrés de moins de 25 ans, 42 % sont originaires du Maghreb et 19 % d’Afrique subsaharienne.