La blogueuse afroféministe Kiyémis sort à 25 ans son premier recueil de poèmes, À nos humanités révoltées. Une preuve que ce genre littéraire peut donner voix aux colères contemporaines.(…)
Elle a 13 ans et sa famille a récemment quitté la Seine-Saint-Denis pour la Seine-et-Marne. “À l’époque, ce qui est dépeint par les médias ne me parle pas du tout”, explique-t-elle. “Je ne reconnais pas l’endroit où j’ai grandi”. Quatre ans plus tard, des discussions avec son frère jumeau lui font définitivement “péter un câble”. “Un jour, il m’explique qu’il se fait contrôler jusqu’à 7 fois par jour, raconte-t-elle. J’ai beaucoup d’amis blancs et je me rends compte qu’aucun n’a cette expérience. Cette déception, qui a commencé à poindre à mes 13 ans, s’accélère alors vraiment. En tant que bonne élève, dans une famille de classe moyenne, j’aurais pu être le symbole de l’intégration et y croire longtemps”, constate Kiyémis. “Mais je me suis rendu compte que je n’avais pas la même expérience qu’une femme blanche mince. Je suis une femme noire, j’ai la peau foncée, j’ai une grande gueule, je suis grande et grosse.” Sa sensibilité afroféministe s’est éveillée.(…)
En 2012, en parallèle de ses études d’histoire, elle s’inscrit sur Twitter où d’autres filles de son âge réfléchissent à l’afroféminisme. Deux ans plus tard, toujours poussée par sa mère, elle ouvre son blog Les Bavardages de Kiyémis où elle mêle récits personnels et recherches politiques sur les femmes noires au travail, la grossophobie, la non-mixité. “Je lisais beaucoup de livres en anglais sur l’afroféminisme et l’intersectionnalité à l’époque et j’avais des habitudes de recherche qui me donnaient accès à certaines choses. J’ai eu envie de les partager.”(…)