Conforté par sa victoire électorale, Viktor Orban n’a aucune raison d’offrir aux Européens la moindre concession sur la question migratoire, au cœur des tensions entre l’Ouest et l’Est, et qui risque de précipiter l’Union européenne dans une grave crise politique. Explications d’EMMANUEL BERRETTA, Rédacteur en chef France au Point
Comme son voisin polonais, il a refusé, en 2016, d’accueillir en Hongrie le moindre demandeur d’asile quand le Conseil européen a mis en place une solution provisoire de « répartition obligatoire », de manière à soulager la pression qui s’exerçait sur l’Italie et la Grèce. L’apogée de la crise – 1,3 million de demandes d’asile en Europe en 2015 et 1,2 million l’année suivante – semble passé, mais la pression reste considérable avec 705 000 demandes d’asile recensées auprès des 28 pays de l’Union européenne en 2017, selon Eurostat. […]
Au sein du gouvernement de coalition CDU-SPD, les tensions n’ont pas tardé à émerger sur la question migratoire. Surtout après la déclaration tonitruante du nouveau ministre de l’Intérieur de la RFA, le Bavarois Horst Seehofer (CSU), lequel considère que « l’islam ne fait pas partie de l’Allemagne». «Il a contredit la chancelière, mais, surtout, il a opéré le même glissement que le parti d’extrême droite AfD, en déplaçant le sujet du contrôle migratoire au rejet de l’islam», constate, navré, un proche de la chancelière. La proximité des élections en Bavière, où l’AfD a effectué une percée, n’explique pas tout. Une partie de l’aile droite de la CDU-CSU se détourne nettement de la politique de la chancelière Merkel sur les migrants et prône une fermeté qui rejoint, du moins en partie, les thèses d’Orban. […]
La CDU et le SPD se prononcent en faveur d’un « plan Marshall pour l’Afrique pour aider l’Union africaine à mettre en œuvre l’Agenda 2063 [une Afrique prospère fondée sur le développement durable, NDLR du Point] ». […]