Dans les Balkans, le tatouage a une histoire très ancienne. Ses origines remonteraient à l’Antiquité, aux tribus illyriennes et celtes. À l’époque ottomane, on tatouait les filles catholiques de Bosnie-Herzégovine et de Croatie pour empêcher leur rapt et leur conversion forcée à l’islam. Oubliée sous le socialisme, cette tradition revient à la mode. […]
La tradition aurait survécu discrètement, avant de connaître un fort renouveau sous l’Empire ottoman, qui enlevait régulièrement des enfants aux populations occupées pour les intégrer à ses troupes, voire même à l’élite de son administration. C’est alors que se seraient imposés les symboles chrétiens, en guise de protection contre la pratique bien ancrée du devşirme, le rapt des enfants chrétiens.[…]
Sous l’Empire ottoman, du XVe au XIXe siècle, l’objectif premier de ces tatouages n’était pas ornemental : non seulement, ils devaient empêcher le rapt des fillettes et, si jamais elles l’étaient et devaient se convertir de force à l’islam, leur rappeler leur foi chrétienne originelle.[…] En Croatie, cette tradition avait été importée par des Croates ayant fui la Bosnie-Herzégovine sous occupation ottomane.
La tradition est restée très vivante en Bosnie centrale jusqu’aux années 1950. Après la Seconde Guerre mondiale, elle a perdu en influence et en visibilité, les symboles religieux n’étant pas particulièrement appréciés sous le socialisme, aujourd’hui, les motifs traditionnels de ces tatouages croates reviennent à la mode dans la jeune génération.[…]