Peter Duffy, un chirurgien du NHS [NdT : le système de santé publique du Royaume-Uni] qui avait été élu « docteur de l’année » dans son hôpital a été contraint de démissionner après avoir été accusé de racisme par trois de ses collègues, les docteurs Kavinda Madhra, Ashutosh Jain et Saleem Nassem. Il s’est pourvu en justice.
Peter Duffy a déclaré au tribunal qu’il avait signalé que l’un de ces médecins était incapable d’utiliser un échographe, qu’il avait mal traité plusieurs cancers ou qu’il jouait au golf alors qu’il aurait dû soigner un patient atteint d’une septicémie mortelle. Duffy avait aussi exprimé ses préoccupations quant à ces trois médecins qu’il soupçonnait d’avoir fait rater des opérations ou encore d’être impliqués dans des affaires de fraude aux heures supplémentaires.
L’urologue de l’hôpital NHS de la baie de Morcambe a aussi affirmé devant le tribunal qu’il était soumis à des allégations « malveillantes, toxiques et totalement fausses » de la part de ces trois hommes suite à sa « mise en garde ». En effet, au court de ses dix années de travail au sein de divers hôpitaux du NHS, des accusations anonymes parvenaient régulièrement à la police le décrivant comme un « tyran raciste » dont tous les non-blancs de l’hôpital « avaient peur ».
En outre, après 16 ans de travail au sein du NHS, il affirme avoir été contraint de démissionner en juillet 2016 après que son salaire a été réduit subitement de 200.000 livres sterling à 36.000, suite à des accusations non-prouvées.
Lorsqu’en 2015, le docteur Duffy, père marié de trois enfants, fut transféré de la Royal Lancaster Infirmary au Furness General Hospital, l’un de ses collègues l’avaient prévenu : « Vous vous êtes fait des ennemis ici : ils ont les moyens, le mobile et désormais l’opportunité de vous tirer dessus. » Et en effet, bien qu’il ait reçu le titre de « Docteur de l’année » au Furness General Hospital, ses supérieurs le traitaient « comme s’il avait été atteint du virus Ebola ».
Le docteur Duffy, qui travaille désormais dans un hôpital de l’île de Man, a pointé du doigt (…) la « chasse aux sorcières » dont il a été victime, et a déclaré que ces problèmes avaient eu des conséquences sur sa santé, lui occasionnant des problèmes cardiaques et des troubles de stress post-traumatique.
Un autre collègue avait été de même accusé de racisme et s’était retiré. Le docteur Duffy estime qu’une « campagne de victimisation, de diffamation et de désinformation était dirigée contre lui par des médecins responsables d’erreurs cliniques, de morts évitables et trop nombreuses, et peut-être même de fraudes », ce qu’il avait à l’époque dénoncé.
« Je crois fermement et j’ai été averti par mes collègues que la campagne menée contre moi était une campagne de représailles pour mes divulgations protégées [par la loi] et qu’il n’y a pas d’autre explication crédible pour cette campagne. Cette campagne était en partie secrète (…).
« J’ai été clairement menacé, trompé et harcelé par des individus ne partageant pas ma croyance en un service clinique de haute qualité dans les meilleures traditions du NHS et qui se sentaient clairement menacés par mes divulgations. (…)
« Depuis ma démission forcée, et à l’aide des révélations de ce jour, il semble de plus en plus clair qu’une campagne secrète de représailles a été dirigée contre moi, afin de m’accuser de racisme et de partialité envers les médecins noirs ou d’autres minorités ethniques. Une accusation tout à fait fausse. »
L’urologue a ajouté être « extrêmement traumatisé » par son traitement et se sentir incapable de travailler à nouveau pour le NHS, dont la simple vue du logo suffit à le « rendre malade ». (…) Il a aussi affirmé :
« Lors de mes premiers mois au Trust, j’avais été averti que je devais à tout prix éviter une quelconque accusation de racisme. De telles allégations, m’avait-on dit, même si totalement injustifiées, peuvent détruire les carrières, le NHS [NdT : le système de santé publique du Royaume-Uni] ayant tendance à considérer les personnes incriminées comme coupables “jusqu’à preuve du contraire”. »
(…) Le docteur Duffy a enfin signalé que son cas n’est pas isolé : d’autres médecins sont passés par le même calvaire au NHS et se décrivent comme des « réfugiés du NHS ».