Fdesouche

Dix jours après la «fermeture» de la messagerie par les autorités, la rebelle continue de fonctionner. A l’humiliation du pouvoir s’ajoute le mécontentement des internautes pour le chaos que la mesure a semé.

Passé maître dans le contrôle de l’opinion publique à travers les médias, le pouvoir russe subit un revers sans précédent depuis une petite décade, tandis qu’il tente de bloquer la messagerie privilégiée par les lanceurs d’alerte, très prisée par l’élite médiatique et politique.

RosKomNadzor (RKN), le gendarme russe d’internet, a en effet ordonné le lundi 16 avril à tous les fournisseurs d’accès de bloquer immédiatement Telegram. Mais huit jours plus tard, la messagerie rebelle fonctionne toujours, tandis que des centaines de sites ont été mis hors service à cause des efforts désordonnés de RKN consistant à bloquer jusqu’à 18 millions d’adresses IP supposément utilisées par Telegram pour contourner le pare-feu.

Parmi les victimes collatérales, Google, YouTube, Amazon, dont les services fonctionnent désormais de manière erratique en Russie. Même le site de RKN n’est trouvé indisponible mardi dernier, déclenchant la risée des internautes russes (…).

Résultat des courses: la popularité de Telegram a explosé, les tweets dénonciateurs aussi. Les téléchargements depuis la plateforme Android ont doublé depuis le 16 avril (…). Le Kremlin est incapable de suivre l’exemple chinois, raille [un éditorialiste]: “A la différence de la Russie, la Chine ne fait pas qu’interdire, mais crée des alternatives à ce qu’elle interdit […] en comparaison avec leurs collègues chinois, nos officiels vivent à l’âge de pierre.” (…)

Pavel Dourov refuse de collaborer avec le FSB et de lui livrer les clés de cryptage garantissant l’anonymat des utilisateurs de Telegram et la confidentialité de leurs échanges. Le réseau social reste aujourd’hui l’une des dernières zones de liberté en Russie pour la circulation d’informations sur les coulisses du pouvoir, dans un pays où les services secrets ont les coudées franches pour espionner n’importe quel ministre, homme d’affaires ou journaliste. (…)

Une étape vers le pire?
Beaucoup d’internautes craignent finalement que le blocage de Telegram ne soit qu’une étape vers une isolation totale d’internet en Russie, perçu au Kremlin comme une intrusion hostile des puissances occidentales dans la sphère nationale, qui peut potentiellement conduire à un changement de régime.
(…)

Le Temps

Fdesouche sur les réseaux sociaux