Le 25 avril aux Etats-Unis Emmanuel Macron répondait aux questions d’étudiants:
Question à 47:50:
Je m’appelle Madison Toronto, je suis étudiante en Science des données à GW et ma question porte sur l’immigration de masse en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique vers L’Europe.
Nous avons vu au fil des ans (alors que l’immigration de masse a continué) une augmentation des attaques terroristes et de la délinquance au point que le taux de meurtre à Londres a dépassé celui de New York.
Nous avons vu une augmentation des agressions sexuelles et des viols des femmes au point que beaucoup de femmes ont trop peur de quitter leur domicile.
Nous avons vu une augmentation de l’antisémitisme au point que dans de nombreuses villes il soit conseillé aux citoyens juifs de ne plus porter de tenue religieuse par crainte d’être attaqués.
Et parmi un nombre significatif de… (interrompue, on lui demande de poser sa question)
Donc considérant ces menaces qu’est-ce que vous et votre gouvernement faites pour assurer la sécurité nationale et l’identité culturelle de la France ainsi que celle de L’Europe en général ?
Plusieurs autres questions sont ensuite posées par d’autres étudiants, la réponse d’Emmanuel Macron à la question sur l’immigration commence à 51:27:
RÉPONSE:
“En ce qui concerne l’immigration de masse… Pour être honnête je ne suis totalement certain de partager votre appréciation” (…)
Je ne crois pas que ces phénomènes soient directement liés à cette immigration en provenance d’Afrique. Pourquoi ?
Parce que ce n’est pas tout nouveau et que, malheureusement, nous avons eu ce problème depuis des années pour ne pas dire des décennies dans mon pays.
Vous parliez de Jacques Chirac, rappelez-vous, quand Jacques Chirac était élu en 2002, pour son second mandat, le centre de la campagne était sur le manque de sécurité.
Exactement sur les mêmes débats, exactement les mêmes.
L’antisémitisme… Malheureusement nous avons eu les attaques de Merah et les attaques terroristes, c’était il y a plus de six ans maintenant, donc ce n’est pas complètement nouveau.
Et ça ne doit pas être corrélé à cette immigration. Honnêtement !
Je ne dis pas que ça va améliorer la situation.
Mais ce qui est en jeu c’est notre capacité à intégrer les gens. C’est clé. Sur ce que vous mentionnez nous avons deux grands problèmes, dans votre société et dans la société française.
Le premier est de construire des sociétés plus égalitaires afin de fournir des perspectives et des opportunités à nos peuples. C’est notre responsabilité en tant que gouvernement, mais c’est même absolument essentiel si on veut réduire les conflictualités de nos sociétés.
Quand vous regardez dans les quartiers où il y a des problèmes, des émeutes, des violences, c’est très souvent à cause du manque d’opportunités. C’est parce que nous avons échoué dans notre capacité à intégrer ces gens. Et très souvent, quand je parle de la France, ces gens sont les enfants de ceux qui ont migré il y a des décennies. Leurs parents sont venus pour des emplois, ont parfois perdu ces emplois à cause de la crise, et nous avons échoué, nous avons échoué à les intégrer et à fournir des opportunités. Donc c’est une des raisons centrales et c’est quelque chose que nous devons résoudre par l’éducation, par des réformes du marché du travail, et par la transformation du pays.
Dans l’éducation par exemple nous avons décidé de réduire follement le nombre d’enfants par classe, particulièrement dans les quartiers pauvres. C’est très important et c’est l’une des meilleures options pour régler ce problème et pour leur montrer “Tu as besoin d’être éduqué. C’est une bonne chose car ça te permettra de trouver ta place dans la société.”
Ensuite il faut lutter contre les discriminations. Parce que quand tu es éduqué et que tu trouves pas de travail… parce que tu viens de tel quartier, à cause de ton nom de famille, à cause de ta religion, c’est un échec de la société tout entière. Donc c’est mon boulot d’arranger ça, c’est pas encore arrangé. Mais c’est une réponse très importante aux racines profondes de ce que vous décrivez.
Deuxièmement vous devez être très strict et très fort vis-à-vis du manque de sécurité et de cet antisémitisme et de cette violence. (…)
Le deuxième grand défi que nous avons est sur la religion. Avouons-le. Et surtout à propos de l’Islam. Nous sommes dans une toute nouvelle situation parce que cette religion est d’une certaine manière toute nouvelle pour nos sociétés.
Nos sociétés dans le monde occidental étaient habituées à traiter avec des catholiques ou des protestants ou des juifs mais pas avec l’Islam. Parce qu’il ne faisait pas partie de cette région du globe. Mais maintenant vous devez prendre en considération que des millions de personnes croient en l’Islam. Et ils sont vos concitoyens, avec les mêmes droits. (…)
Et aujourd’hui il y a… une réelle tension avec l’Islam. Parce que vous avez des tensions à l’intérieur de cette religion et… le monde musulman doit s’organiser et nous devons l’aider.
Et vous avez des tensions parce que nos institutions, notre peuple, ne sont pas habitués à cette religion dans le travail et dans les comportements.
Mais c’est un des défis les plus importants que nous avons devant nous. La bonne réponse n’est pas de refuser l’autre. La bonne réponse n’est pas de dire :
“Débarrassez-moi de cette religion ! Elle ne fait pas partie de nous !” C’est faux.
Parce que je pense que des deux côtés de l’Atlantique notre identité nationale est basée sur la citoyenneté libre.
Nous voulons éduquer notre peuple. (…)
Si au nom de ta religion tu ne respectes pas ma loi … Je suis contre toi ! Mais tu peux croire en tout ce que tu veux. C’est ce que nous avons construit. Ce sont les racines profondes de nos sociétés et de notre citoyenneté.
Enfin en ce qui concerne votre votre question, je pense que l’immigration de masse venant d’Afrique est un défi.
Parce qu’ils empirent de nombreuses difficultés que nous avons, mais nous devons relever ce défi également. (…)
L’asile est un devoir moral. Aucune discussion. Donc je veux que mon pays soit en situation d’accueillir très rapidement le maximum de personnes susceptibles d’être acceptées lorsqu’ils sont en danger dans leur pays.
Il faut regarder la réalité aujourd’hui, 90% des gens venant d’Afrique n’arrivent pas en Europe à cause de ce genre de risques politiques, mais à cause de migrations économiques. C’est une situation très différente et j’adhère au fait qu’on ne peut pas accepter tout le monde. Parce que ce n’est pas un fardeau supportable sur la durée pour la société française.
Pourquoi ? Parce que nous devons déjà réparer la situation que vous avez décrite. (…)
La seule façon d’éviter cette immigration de masse est d’aider ces personnes à réussir dans leur pays.
C’est de fournir électricité, énergie, eau potable, système de santé de l’éducation et c’est notre devoir collectif et c’est la meilleure façon [d’éviter cette immigration de masse].
(Merci beaucoup à l’auteur anonyme de la proposition d’article pour avoir fait une grosse partie du travail de traduction)