Chaque semaine, Le Point propose l’actualité « revue à travers l’histoire et les mythes grecs et latins ». Aujourdhui, la « très inflammable question migratoire » avec comme exemple Rome, «terre d’immigration».
À l’heure où la question migratoire – et la faiblesse des réponses politiques – inquiète de plus en plus, à l’heure où les campements se généralisent à Paris et où quelques échauffés en anorak posent dans les Alpes en « défenseurs de l’Europe » , voici l’homme à lire en ce moment : Maurizio Bettini, professeur de philologie classique à l’université de Sienne. Régulièrement convié au Collège de France et à l’École pratique des hautes études, auteur d’un remarqué « Éloge du polythéisme », il rappelle dans « Contre les racines » comment les Romains, dont les identitaires aiment parfois se revendiquer, considéraient ceux qui venaient d’ailleurs, les migrants de l’époque. […]
Le grand historien romain Tite-Live voit dans cet accueil les raisons de la puissance de Rome, décrivant dans son Histoire romaine (I,8) « une foule où les hommes libres se mélangeaient aux esclaves, et qui aspiraient à du nouveau », et concluant par ces mots : «Voilà quels furent le commencement et le point de départ de notre future grandeur.» Une phrase à faire s’étrangler aujourd’hui les pseudo « défenseurs de l’Europe » en doudoune. Sans parler du fait, remarque espièglement Maurizio Bettini, que l’Occident a fini par abandonner la tunique ou la toge pour les pantalons (bracae), c’est-à-dire ce que ne portaient, alors, que les Barbares…[…]
NDLR : L’historien romain Tite-Live (64 av. J.-C. environ-17 ap. J.-C.) a vécu bien avant les grandes vagues d’invasions barbares du IVe et Ve siècle, qui ont contribué au déclin puis à la chute de l’Empire romain.
Le Point