“Je ne peux pas être en situation irrégulière, je suis arrivé ici quand j’avais 8 ans.“. Anthony Bryan n’y croit pas. Cet homme originaire de la Jamaïque a bien failli être expulsé vers la Jamaïque alors qu’il a vécu, en grande majorité, au Royaume-Uni. Un comble pour celui qui est arrivé au Royaume-Uni, avec des milliers d’autres Antillais, afin de reconstruire l’ancien empire colonial détruit par la Seconde guerre mondiale. En 1971, ces citoyens obtiennent le droit de résider sur le sol britannique mais sans aucun papier pour officialiser leur statut.
C’est en 2015 qu’Anthony Bryan découvre sa situation alors qu’il essaye de faire une première demande de passeport. Pour l’homme, qui est alors considéré comme un clandestin, le chemin de la régularisation prend deux ans et passe par deux détentions. Aujourd’hui, des milliers de citoyens originaires de la Caraïbe sont toujours menacés d’expulsion, privés de soin médicaux et empêchés de travailler sur le territoire britannique.
Comment une telle situation a-t-elle été rendue possible ? Grâce à une politique lancée en 2012 par le gouvernement et appelée “environnement hostile à l’immigration illégale“. À la mi-avril, la Première ministre, Theresa May a présenté ses excuses face à l’ampleur de l’affaire. “Je veux dissiper l’impression que mon gouvernement est, dans un sens ou dans un autre, en train de chasser les citoyens du Commonwealth, en particulier ceux des Caraïbes qui ont construit une vie ici.“, a-t-elle déclaré. Toutefois, cela n’a eu que très peu de portée puisque la ministre de l’Intérieur, Amber Rud, a dû démissionner. Elle avait assuré qu’il n’y avait aucun objectif chiffré derrière ces expulsions mais quelques jours plus tard The Guardian a révélé des document attestant d’objectifs chiffrés.