Noires, métisses, maghrébines, asiatiques, femmes de tous âges et de toutes origines… Toutes sont les bienvenues au «Fraîches Women Festival», dont la première édition se tient dimanche 6 mai à la Marbrerie à Montreuil. Les deux créatrices de la plate-forme internet Afro ont voulu créer avec cet événement un pont entre le virtuel des réseaux sociaux et le réel pour échanger autour de la condition des femmes afro-descendantes entre autres. Bref, le festival dont elles rêvaient.[…]
Si dans le sillage du projet photographique «neuf femmes fraîches», l’idée de mettre en place une plate-forme d’échanges et de partage d’expériences et d’infos semblait nécessaire, très vite, l’envie de passer du virtuel au réel s’impose à elles. «En marge des évènements, rencontres ou concerts que l’on programmait, on a eu envie de créer le festival dont on rêvait, nous, qu’on aurait aimé avoir adolescente ! C’est à dire des débats sur des thèmes nous concernant, nous femmes noires, mais aussi de pouvoir approcher et discuter avec des expertes sur de nombreux domaines, comme le féminisme, ou les féminismes, ou encore la sexualité, encore tellement taboue», confie Adiaratou Diarrassouba. «Ce festival est une proposition autour de la question de la réprésentation, c’est déjà le coeur de notre plate-forme L’Afro. Représentation des afro-descendants, mais pas seulement, celle des autres communautés également, les personnes de la communauté asiatique, LGBT, militantes de différents niveaux. En général, on fait souvent appel à un.e spécialiste de toutes ces questions là, et ça cache d’autres acteur.trice.s bien plus présent.e.s sur le terrain. Il nous importait aussi de mettre en avant la question de la sororité, qui est souvent théorisée mais moins pratiquée en réalité. On a pu constater que souvent dans les évènements, il y a peu d’inclusivité, on reste dans l’entre-soi. Etre solidaire entre femmes c’est aussi de permettre à toutes les femmes de s’exprimer, sans être pour autant toutes d’accord», ajoute la journaliste.
L’idée du «Fraîches Women Festival» est lancée. «Si on ne se représente pas nous même, personne d’autre ne va le faire ! Notre volonté était de créer un festival de femmes essentiellement, ou bien de personnes qui s’identifient au genre féminin, comme le groupe sud-africain, dont c’est le premier concert en France, FAKA, formé de deux hommes nés hommes, queer, et qui performent dans la fluidité du genre.[…]
Parmi la vingtaine d’intervenantes, le public pourra aller à la rencontre de cette jeune vidéaste, d’origine chinoise, Grace Ly qui dans une websérie Ça reste entre nous (voir vidéo plus bas) démonte avec humour les clichés racistes sur la communauté asiatique française. Récemment elle s’est associée avec la militante Rokaya Diallo pour une web série Kiffe ta race. Au programme de ce festival, des expertes, pour n’en citer que quelques unes, la sexologue Stella Tiendrebeogo, Axelle Jah Njike, auteure de nouvelles érotiques, initiatrice du site Parlonsplaisirféminin.com mais aussi militante et administratrice de la fédération GAMS (Groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles et les mariages forcés) ou encore Sharone Omouanka qui accompagne des personnes séropositives afrodescendantes.
Il sera bien évidemment question de féminisme, au pluriel, et donc d’afroféminisme. «Il y a une histoire des luttes pour (et par) les personnes non blanches en France, pour pouvoir aujourd’hui se promener tranquillement sans se faire agresser par des personnes qui leur refusent le droit d’être là ou se faire insulter à tous les coins de rue, pour qu’on n’impose pas des clichés sur leur présence. Et ça aussi c’est important de le rappeler. Il y a eu des luttes parallèles au féminisme dit blanc et bourgeois.»[…]
Moins taboue mais tout autant prégnante, la question des discriminations. La spécialiste en empowerment des femmes racisées, Marie Dasylva viendra présenter la méthode qu’elle a mise au point pour que chacun.e puisse se défendre, lors de ces agressions du quotidien, dans la rue, au travail, à l’école. Cette experte a créé une agence de coaching Nkaliworks, et propose des contre-stratégies face aux techniques de domination racistes et sexistes dans l’espace public et surtout professionnel.[…]