L’inspection générale de la police (IGPN) a ouvert une enquête pour “homicide involontaire” après la mort d’un vendeur à la sauvette renversé par un fourgon de police alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle.
Ismaëla Deh, 58 ans, vendait sans autorisation des souvenirs bon marché à la foule de touristes […]
Dimanche 29 avril, il a pris la fuite en courant pour échapper à un contrôle d’identité. Poursuivi par deux fonctionnaires à pied et un fourgon dans une rue non loin du château, il a “traversé la route subitement” devant le véhicule qui n’a pas pu l’éviter, selon la police.Le lendemain soir, il a succombé à ses blessures dans un hôpital parisien.
“Il faut que justice soit faite”
La victime, de nationalité sénégalaise, avait commencé à vendre sur la place d’Armes, devant le Château de Versailles, depuis “deux, trois mois”, estiment les autres vendeurs interrogés par l’AFP. Selon sa soeur, Aïssata, Ismaëla Deh était en France depuis dix-huit ans mais n’avait pas de titre de séjour. Il a longtemps été plongeur dans des restaurants, faisant des allers-retours saisonniers entre Cannes et Mantes-la-Jolie (Yvelines), où vit sa famille depuis quarante ans, dit-elle.
Marié, il était père de 8 enfants au Sénégal. “La France a tué leur père”, s’emporte-t-elle, “très en colère”. “Un enfant de tirailleur sénégalais tué en France, c’est une honte pour la France”, lance-t-elle. Mercredi matin, elle a rejoint les vendeurs sur les lieux du drame pour un moment de recueillement. Une partie d’entre eux ne sont pas allés travailler ce jour-là et tous vont se cotiser pour aider financièrement la famille.
Ils sont un petit groupe à venir de toute la région parisienne tous les jours sauf le lundi, jour de fermeture du château, du matin au soir, pour “gagner pas beaucoup, de quoi manger”. Pour la plupart sénégalais, ils vivent dans des appartements, des foyers, loin de leur famille restée à Dakar ou dans des villages.
“On est des êtres humains, pas des animaux”
[…]Les policiers qui sont intervenus dimanche appartenaient de fait à des effectifs départementaux, envoyés ponctuellement en renfort sur certaines agglomérations. Les policiers de Versailles, “ils nous connaissent tous”, mais “les ‘calots’, ils sont trop agressifs”, regrette Fall, l’un des plus anciens vendeurs.“On est des êtres humains, pas des animaux, et on est responsables”. “On a mal. On est vraiment attristés. On ne veut plus que ça se répète”, mais “on n’est pas agressifs”, insiste Abdou, qui veut surtout “que la justice fasse son travail”.