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Dans une tribune publiée par Le Figaro, Éric Zemmour salue la réédition chez Flammarion de “La culture du narcissisme” de Christopher Lasch (1932-1994) qui annonce l’avènement d’une société individualiste et nihiliste. Bien que d’orientation marxiste à l’origine, ce philosophe et historien a pourfendu dans son œuvre les grands mythes progressistes. Il a influencé chez nous des gens comme Philippe Muray et Jean-claude Michéa.

Extraits :

Nous sommes en 1979. La France est giscardienne et croit l’être pour longtemps. Le jeune président a inauguré son septennat par une série de réformes qui doivent moderniser la société française: avortement, majorité à 18 ans, divorce facilité, loi Haby sur le collège unique… […] De l’autre côté de l’Atlantique, un livre paraît alors qui décrit déjà par le menu toutes les conséquences déplorables de cette «société libérale avancée». […] Ce n’est pas de la science-fiction, mais il est américain, sociologue, historien, et exaspère ses confrères universitaires par sa méfiance des mythes progressistes. Il s’appelle Christopher Lasch.

[…] Sa thèse est résumée en une phrase au début de l’ouvrage: «La culture de l’individualisme compétitif dans sa décadence a poussé la logique de l’individualisme jusqu’à l’extrême de la guerre de tous contre tous, et la poursuite du bonheur jusqu’à l’impasse narcissique de l’individu par lui-même.» Lasch ne se contente pas de poser le diagnostic ; il décline ensuite dans tous les domaines qui sont affectés par cette révolution: famille, nation, école, entreprise, et même religion et art.

Notre narcissisme individualiste détruit les individus et les familles ; nous coupe de notre passé et de notre histoire […] Tout est divertissement, tout est illusion, tout est spectacle. Reprenant les analyses de Debord, Lasch les étend et les retourne contre les idéologues progressistes. Ceux-là croient encore que la libération générale – de la femme, de l’enfant, du salarié, etc.- s’oppose à une société capitaliste qui repose sur la répression des désirs et l’autoritarisme. On rit aujourd’hui – en partie grâce à Lasch- de tous ceux – et ils sont encore légion- qui croient encore et veulent nous faire croire à cette fable qui n’a correspondu qu’à la réalité du capitalisme du XIXe siècle.

Depuis lors, le capitalisme a muté, la consommation est préférée à l’épargne, et l’expression des pulsions préférée à leur répression. […]

De même, il ne lui a pas échappé que l’éducation de masse allait provoquer une baisse affligeante du niveau scolaire. […] […] Il a bien compris, avant tout le monde ou presque, que le capitalisme avait poussé à «l’émancipation des femmes et des enfants de l’autorité patriarcale, pour mieux les assujettir au nouveau paternalisme de la publicité, des grandes entreprises et de l’État.» […] […] Il montre parfaitement – même s’il ne fut pas le seul – comment nos mouvements progressistes de ces quarante dernières années furent les idiots utiles d’un capitalisme qui a su retrouver sa force révolutionnaire d’antan.
[…]

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