Des drapeaux turcs, quelques drapeaux français. Et un même mot d’ordre, scandé en boucle : « Laissons l’histoire aux historiens. » Ce samedi 12 mai, entre cent (suivant la police) et trois cents personnes (suivant les organisateurs) ont manifesté leur mécontentement dans les rues d’Évreux. Les raisons de la colère ? L’inauguration, il y a quelques semaines, d’une stèle dédiée aux victimes arméniennes de 1915, sur laquelle est inscrit le mot génocide. « C’est ce mot qui nous dérange le plus. Nous souhaitons que ce mot soit enlevé de la stèle » confirme Remzi Sekerci, le président de l’association franco-turque d’Évreux, organisateur du rassemblement. Porteurs d’un message « de paix » et de « vivre ensemble », les manifestants se sont toutefois arrêtés devant ce monument de la discorde, situé près du nouveau palais de justice. Une stèle placée sous la protection de policiers armés, pour éviter tout débordement ou provocation. Ce que le président de l’association réprouve, c’est que « la politique s’immisce dans l’histoire. » Il en tient rigueur à la municipalité d’Évreux, qui prêterait selon lui le flanc à ceux qui chercheraient la haine, l’hostilité et la violence de l’histoire, en déformant notre passé conjoint » a-t-il déclaré. La France, comme une vingtaine d’autres pays, a cependant reconnu l’existence dudit génocide par une loi mémorielle promulguée en janvier 2001.