Le recteur de la mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou et l’ancien Premier ministre Manuel Valls dialoguent sans tabous sur la place de la religion au sein de la République. Et livrent chacun leurs propositions contre la montée du radicalisme. Manuel Valls, aujourd’hui député apparenté La République en marche de l’Essonne, est signataire du manifeste des 300 “Contre le nouvel antisémitisme” paru le 22 avril dans Le Parisien-Aujourd’hui en France.
»Je reste confiant quant aux valeurs de la République, qui sont capables de digérer toutes les religions. C’est vrai que le morceau est un peu gros [Sourires] et que la digestion va durer un peu… »
[…]
Mais est-il envisageable d’amender ces versets [du Coran] ?
T.O. : Le fond de ce manifeste est maladroit parce qu’il ne parle pas aux croyants. Il faut parler leur langage. Les musulmans n’ont jamais été gouvernés par le texte mais par le commentaire qui structure leur mental.[…]
M.V. : L’islam est la deuxième religion de notre pays. C’est une religion française. Il faut faire en sorte que l’islam soit totalement compatible avec la démocratie, la laïcité, l’égalité femmes-hommes, le droit de se convertir.
[…] Vous pensez que cette révision doctrinale est en mesure de répondre à la question de l’antisémitisme en banlieue ?T.O. : Il faut éclairer nos jeunes, qui sont complètement désœuvrés. Quand on leur explique, ils comprennent. Le Coran, lui-même, quand il critique les juifs, dit bien qu’il ne faut pas tout mélanger. Il y a des bons et des moins bons, le Coran ne généralise jamais.[…]
Que peut faire l’État, tout en restant subtil, bien évidemment ?
T.O. : Il peut élever le niveau intellectuel de nos enfants à l’école. Il faut intégrer une histoire universelle. La civilisation occidentale n’est pas que judéo-chrétienne mais aussi arabo-musulmane. […]