Fin 2017, la France comptait 69 000 détenus pour… 59 000 places. Conséquences : matelas au sol, cellules surpeuplées et conditions de détentions dégradées. Pour y remédier, une nouvelle prison vient d’entrer en service près d’Aix-en-Provence. L’établissement comporte un terrain de sport, une salle de musculation et la plaquette de présentation promettait des cellules individuelles, avec un seul bureau et un seul lit.
Nous visitons la maison d’arrêt avec la députée En Marche Anne-Laurence Petel et le directeur. Surprise : la moitié des cellules est en réalité, déjà, équipée de lits superposés. “Cette cellule accueille aujourd’hui un seul détenu, assure Vincent Dupeyre, le directeur de la prison d’Aix-Luynes. Mais le choix a été fait de mettre des lits superposés : si on jour on devait faire face à une surpopulation, on a déjà deux lits.”
Déjà deux lits, mais aussi deux casiers : bref, tout est déjà prêt pour recevoir deux détenus dans cette cellule de seulement 8,5 m². C’est pourtant contraire à une circulaire de 1988 qui fait toujours référence : il y est écrit quune cellule de moins de 11 m² ne peut accueillir qu’une seule personne.
En première ligne, les gardiens de prison subissent tous les jours les conséquences de cette surpopulation. “Quand il y a une bagarre en cellule, le surveillant est souvent seul pour gérer deux ou trois personnes, témoigne Olivier Sabatier, délégué Force Ouvrière de la prison d’Aix et surveillant pénitentiaire. Il est obligé de déclencher des alarmes, quand elles fonctionnent, donc pour lui c’est ingérable. Aujourd’hui les surveillants ne peuvent pas faire leur travail.”
D’autant que la surpopulation carcérale n’a jamais été aussi forte : c’est ce qu’affirme Adeline Hazan. C’est elle qui contrôle l’état des prisons et pour cette ancienne magistrate, un détenu par cellule, c’est un enjeu pour toute la société.
“La plupart des détenus restent 22h/24 en cellule, rappelle la contrôleur générale des lieux de privation de liberté (CGLPL). S’ils sont dans la promiscuité, avec des conditions d’hygiène qui ne sont pas satisfaisantes, alors ça devient une détention complètement indigne. La surpopulation carcérale empêche non seulement l’exercice des droits en prison, mais la réinsertion quand ces personnes sortiront, car elles sortiront !”
Contacté, le ministère de la Justice admet que garantir une cellule par détenu est difficile et qu’il “fait au mieux”. Il promet d’évaluer la situation dans trois ans.