Guylain Chevrier, docteur en histoire, évoque les difficultés liées à la pratique du ramadan dans les entreprises. La question de la religion dans le monde du travail avait provoqué une vive polémique lors des débats sur la loi El Khomri qui avait introduit la possibilité d’intégrer un principe de neutralité dans le règlement intérieur des entreprises.
Le ramadan a commencé ce jeudi. Quels sont les droits et la législation sur le travail qui s’appliquent ?
Si l’employeur «ne peut pas interdire au salarié d’avoir une conviction religieuse» et donc, le discriminer parce qu’il pratique le ramadan, Il n’y a aucune obligation pour les employeurs d’aménager le cadre du travail selon les exigences religieuses de salariés. Ce qui renvoie au cas par cas. Il y a toujours la possibilité de poser des congés mais qui peuvent ne pas être acceptés si l’entreprise peut le justifier par son activité. Comme me l’expliquait un représentant syndical du secteur du commerce, il n’est pas rare que la pratique du ramadan se traduise par des arrêts de travail. Ceci d’autant plus, qu’au bout de plusieurs semaines, l’effet du jeûne peut se faire ressentir, en amplifiant mêmes certaines fragilités de santé habituellement gérées par le salarié.
On s’imagine que concernant le Ramadan, s’il est question d’aménagements de la vie de l’entreprise sur une période d’un mois, seul un pays vivant au rythme de la religion peut permettre de tels accommodements. Ceci, d’autant plus qu’il ne s’agit pas de quelques cas particuliers, puisque selon les chiffres qui font référence, plus de 70% des musulmans feraient le Ramadan, donc plusieurs millions de personnes. Un chiffre en augmentation ces dernières années.
[…]En centrant les débats sur les conditions d’aménagements possibles du cadre du travail en période de ramadan, est-ce que l’on ne passe pas en réalité à côté du vrai sujet ? Celui qui devrait tous nous préoccuper : comment continuer de faire société face à cet émiettement identitaire qui grandit ?
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