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Dalila Lamarene-Djerbal, sociologue algérienne, est interrogée par El Watan sur le harcèlement des femmes dans les rues en Algérie.

Des femmes se plaignent des embêtements dans la rue, notamment pour celles qui travaillent jusqu’à des heures tardives. Des embêtements qui vont de simples compliments sur le look jusqu’à des insultes et remarques sur la tenue vestimentaire. Comment expliquez-vous ces comportements ? Sont-ils liés à des facteurs spécifiques (niveau intellectuel, milieu social, idéologie ?

Dans la rue, ou dans tout autre espace, ces «embêtements» s’appellent du harcèlement. Cela produit chez vous de la gêne, de l’inquiétude, jusqu’où cela va-t-il aller ? de l’agacement, une pression psychologique qui fait que vous oubliez vos projets, votre activité pour réfléchir : comment je vais me débarrasser de cet énergumène ? Est-ce que je n’aurais pas mieux fait de passer par une autre rue, ou de rester à la maison ? Une pression morale : c’est vrai peut-être que ma tenue n’est pas assez «armure», mais en fait, c’est faux, car même les filles en djelbab sont harcelées. C’est votre journée qui est gâchée ! Le harcèlement dans la rue dit aux femmes, quels que soient leur âge, leur tenue, l’heure encore plus, que les hommes sont les seuls maîtres de l’espace public.

Plus le mâle est en échec scolaire ou social, ou inquiet sur sa «virilité» et plus il recherche les moyens de se défouler sur plus faible socialement que lui.

On lui a tellement dit qu’il était «supérieur» aux femmes, qu’il avait le droit et le pouvoir sur les femmes, d’abord ses sœurs et son épouse, et ensuite toutes les autres, que s’il voulait quelque chose, une femme est une «chose» il n’avait qu’à la prendre et la violence est un moyen sûr et «légitime». Résultat de cet «état d’esprit» est qu’il ne voit dans ces pratiques destructrices qu’un moyen de montrer sa virilité dans une compétition avec ses copains. […]

El Watan

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