Les faits remontent au 25 février 2017. Il est un peu plus de 18 heures quand l’anesthésiste pénètre « en furie » dans le bloc opératoire de la polyclinique de Lisieux. Recruté un an plus tôt, le médecin vient d’apprendre qu’une intervention supplémentaire a été programmée au dernier moment, sans l’en avertir. L’urgence ne serait pas justifiée, il est furieux.
« La charte du bloc prévoit qu’aucune opération ne doit démarrer après 16 heures », souligne Olivier Leca, avocat au barreau de Paris. Or, son client ne compte pas jouer les prolongations. Depuis la démission du deuxième anesthésiste de la clinique, l’homme assure seul les consultations, les interventions, les visites… Il est à bout.
Alors, il le fait savoir à celui qu’il considère comme un « connard incompétent » et qui est à l’origine de cette « intervention surprise ». En ligne de mire : l’urologue, qui a débuté une autre opération il y a presque cinq heures. Il lui explique qu’il refuse d’endormir la patiente qui attend quelques étages plus haut.
Rapidement, dans le bloc, le ton monte. Les insultes fusent. Et puis, la situation dégénère quand le chirurgien s’empare d’un récipient de Bétadine (NDLR : une solution antiseptique), qu’il jette au visage de son homologue. « Un simple geste d’évitement. Il se sentait menacé », assure son avocate, Emmanuelle Duval.
L’anesthésiste se saisit alors de ciseaux posés sur un plateau médical. « Bien décidé à en découdre », selon le magistrat qui instruit le dossier, il se dirige vers son confrère avant d’être « ceinturé » par un infirmier, qui l’entraîne vers la sortie. « Il aurait suffi de toucher la carotide de la patiente, et vous l’auriez tuée », soupire l’un des membres de la chambre disciplinaire.
Un peu plus tard, les deux hommes se croisent dans les vestiaires. Téléphones retrouvés par terre, montre cassée… L’explication a laissé des traces. À la sortie de la clinique, le chirurgien aurait encore franchi un cap. Armé de sa mallette d’ordinateur, il aurait frappé son confrère au visage. Bilan : une fracture au niveau de l’œil et un mois d’arrêt de travail.