Episode 1 : une alerte est émise et se répand sur Twitter. Il y a eu une provocation musulmane dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes, pendant la messe de la Pentecôte célébrée par Mgr Jean-Paul James.
Episode 2 : Presse Océan publie un article sur le sujet en s’appuyant sur le seul et unique témoignage du vicaire général l’abbé Bertrand pour démentir cette provocation et accuser :
Il a fallu une seule publication, erronée, pour que la rumeur parte sur la toile : un homme aurait arraché le micro de l’évêque de Nantes, dimanche au beau milieu de la messe solennelle de la Pentecôte, pour crier « Allahu akbar », dans la cathédrale « pleine à craquer ». Relayée plusieurs centaines de fois sur internet, ce qui est alors présenté comme une « info » d’une « source très fiable » a commencé à alimenter les fantasmes. Seulement, elle ne résiste pas à « l’objectivité des faits ». Le père Benoît Bertrand, vicaire général du diocèse de Nantes, se trouvait « à la droite » de Mgr Jean-Paul James quand un homme est « monté sur le podium ». Il était « environ 10 h 30 » et l’évêque débutait son homélie devant « 1 500 à 2 000 personnes […] L’homme s’est saisi du micro et a tenu des propos dans une langue étrangère. Il n’a pas du tout crié Allahu akbar, affirme le vicaire. Accroché au micro, il était déterminé à prendre la parole et semblait surtout extrêmement fragile psychologiquement […] Il y a toujours des personnes malveillantes qui cherchent à alimenter ce genre de rumeur et à exciter les mentalités alors qu’il faut plutôt les apaiser. Il ne s’agit pas d’être naïf, nous restons vigilants vu le contexte national, mais tout le monde doit s’en tenir à la réalité et à l’objectivité des faits. »
La parole du vicaire est parole d’Evangile pour Presse Océan. C’est amusant à signaler. Mais l’affaire ne s’arrête pas là.
Episode 3 : Daniel Hamiche recueille le témoignage d’un témoin crucial avec lequel il s’est longuement entretenu :
Tout ce qu’a écrit Presse Océan, sur la foi des déclarations du vicaire général, est du pipeau. Oui, comme l’avait déclaré le fidèle présent à cette messe de Pentecôte et de confirmation en la cathédrale de Nantes, le perturbateur du culte a prononcé au micro « Allah Akbar »… Le Père Benoît Bertrand, vicaire général, qui soutient le contraire est soit sourd, soit ne dit pas la vérité. Le perturbateur, un Noir âgé d’environ 25 ans, est monté à l’ambon environ 5 minutes après le début de l’homélie de l’évêque. L’évêque a interrompu sa lecture et a reculé tandis que le recteur archiprêtre de la cathédrale, un homme âgé, tentait sans succès de repousser l’intrus : le vicaire général l’a aussi tenté sans plus de succès. Le jeune excité s’est exprimé au micro en arabe sans prononcer un seul mot de français. Un diacre, le recteur, le vicaire général et deux jeunes de la paroisse ont fini par maîtriser le perturbateur et l’ont mis à la porte où, sans doute, il a été récupéré par la police qui stationnait devant la cathédrale. L’évêque a repris son homélie en disant : « Bon, je reprends ». Sur l’enregistrement de son homélie qui a été mise en ligne le lendemain, lundi 21 mai, rien ne transparaît : l’enregistrement a été remastérisé, ce qui est proprement scandaleux si on ne le signale pas. Mais est-ce surprenant ?
Cela fait donc 2 sources qui affirment avoir entendu l’homme crier “Allah Akbar” face au vicaire général qui s’en prend aux personnes malveillantes qui alimentent des rumeur, tout en confirmant qu’un homme a bien pris le micro pendant que l’évêque prononçait l’homélie. Et le journal Presse Océan ment sciemment en écrivant d’abord que “un homme aurait arraché le micro” puis ” l’homme s’est saisi du micro”. Il faut savoir : il l’a pris ce micro, oui ou non ? Quelle est cette objectivité des faits rapportés tels quels dans Presse Océan ? Sur ce plan, ce n’est pas l’abbé Bertrand (photo) qui me contredira…. Lui-même s’en était pris à ce journal en 2011 en jugeant indigne le traitement d’une information :
Quelle vérification consciencieuse de vos sources ? Quels témoignages contradictoires […] ?
Une critique que l’on pourrait faire aujourd’hui, sur cette affaire.