«La Slovénie d’abord!» C’est avec ce slogan emprunté à Donald Trump que Janez Jansa entend faire son retour aux affaires.
Le Parti démocratique slovène (SDS) de l’ancien premier ministre caracole en tête des intentions de vote pour les législatives de dimanche. «Il n’y a pas de Slovénie sans Slovènes», martèle Janez Jansa, qui a axé sa campagne sur la défense d’une identité menacée par l’arrivée des réfugiés. Militant de la société civile sous la Yougoslavie socialiste, l’homme a amorcé, après l’indépendance de 1991, un parcours politique qui n’a jamais cessé de le conduire toujours plus à droite.
(…) En 2015, la Slovénie s’est trouvée placée sur la «route des Balkans», empruntée par plus d’un million de réfugiés. A la fin du mois d’août, les frontières hongroises se fermaient, dirigeant les flux vers la Croatie et la Slovénie. De là, les réfugiés passaient en Autriche pour rejoindre l’Allemagne et, dès que Vienne a bloqué, début mars 2016, le poste frontalier de Spielfeld, Ljubljana a aussitôt fermé ses frontières avec la Croatie. La hantise des autorités était que des milliers de réfugiés se retrouvent piégés dans leur pays.
Depuis cet hiver, les chiffres des passages de Turquie en Grèce augmentent de nouveau et les migrants convergent au nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine, d’où ils tentent de passer en Croatie: la Slovénie n’est alors plus qu’à 150 kilomètres. Le ministre autrichien de l’Intérieur, Herbert Kickl (FPÖ), a déjà annoncé la création d’une Unité de protection de frontières et son nouvel homologue italien, Matteo Salvini, le chef de la Ligue, promet aussi la plus extrême fermeté.
Coincée entre les deux pays, la Slovénie représente donc une «dent creuse», à moins qu’elle ne vienne compléter, avec Janez Jansa, un «axe alpin» bloquant tout accès au reste du continent. L’extrême droite européenne ne s’y est pas trompée: de nombreux sites soulignent «l’enjeu européen» des élections slovènes.
Janez Jansa peut aussi compter sur le soutien de Viktor Orban. Le premier ministre hongrois a pris part à la convention de lancement de la campagne du SDS le 11 mai.
Le SDS radicalisé a aussi repris au parti de Viktor Orban, le Fidesz, certaines de ses obsessions, comme la dénonciation du philanthrope George Soros, et il s’inscrit désormais au cœur des réseaux internationaux que le parti hongrois tente de créer, en fédérant les éléments les plus droitiers du Parti populaire européen (PPE). Une éventuelle victoire du SDS serait donc une excellente nouvelle pour Budapest.
Merci à anonimo