08/06/2018
Droit d’asile : Angela Merkel veut faire cause commune
07/06/2018
Angela Merkel ne redoute rien de plus qu’une nouvelle crise migratoire. D’autant que la réforme en cours de l’asile
européen n’est pas achevée et fait l’objet de très vifs débats entre les États membres. Face à la pression d’une immigration illégale, « les piliers mêmes de l’Europe trembleront sur leur base, et notamment la liberté de circulation », frémissait-elle, mercredi, à Munich, devant un public composé des élus du PPE, le principal parti du Parlement de Strasbourg dont la CDU-CSU est adhérente.
Le sujet est plus que délicat pour Merkel, qui doit faire face à plusieurs fronts : ses détracteurs lui reprochent d’avoir trop largement ouvert les portes de l’Allemagne en 2015-2016 et d’avoir contribué, ce faisant, à faire grandir l’AfD, le parti d’extrême droite anti-immigration. Son partenaire bavarois, la CSU, représenté dans son gouvernement par le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, n’a de cesse de courir après les thèses de l’AfD afin de contenir l’extrême droite lors des élections régionales de Bavière en septembre. Au sein du PPE, Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois, a pris la tête d’une fronde anti-migrants (Pologne, Slovaquie, Autriche) et refuse farouchement la solution d’une répartition obligatoire des demandeurs d’asile en cas de crise grave. A contrario, le nouveau gouvernement italien de Guiseppe Conte entend que l’Europe soulage l’Italie de la pression migratoire et espère la mise en place d’une répartition automatique des demandeurs d’asile… (…)
Bien que le gouvernement Conte ne soit pas sa tasse de thé, Angela Merkel ne peut laisser ni l’Italie, ni la Grèce, ni l’Espagne se débattre seules avec le flux de migrants. « Il faut s’orienter vers un système de solidarité flexible où chacun peut contribuer », dit-elle, sans entrer dans les détails. Bruxelles a d’ailleurs imaginé une solution alternative : les États membres qui refusent l’accueil en seraient de leur poche à raison de 250 000 euros par migrant… Cette somme serait versée à l’État qui prendrait à sa charge le demandeur d’asile. Officieusement, Viktor Orbán a fait savoir aux responsables du PPE que la Hongrie était prête à payer pour épargner à son pays une présence étrangère indésirable. (…)