A quelques centaines de mètres de l’entrée du Zénith de Paris, où Cantat se produit ce jeudi soir, des dizaines de militantes féministes vont de micro en micro et aident à remplir des calepins des journalistes presque aussi nombreux qu’elles. Comment un homme condamné en 2004 pour avoir tué sa compagne peut-il tenir le haut de l’affiche ? Elles scandent : “Tu te tais quand t’as tué”, et tiennent des photos de Marie Trintignant.
Entre le petit groupe de féministes et le petit groupe de spectateurs, à deux mètres l’un de l’autre, la défiance est de mise. “Je n’ai pas envie de parler à ces gens-là”, balaye Sylvie Grass, du côté des pancartes anti-Cantat. La communication se fera (mal) par journalistes interposés.
Alex, 17 ans, répond indirectement à la porte-parole d’Osez le féminisme qui tient à maintenir l’homme et l’artiste dans une même enveloppe corporelle : “Cantat, c’est une ordure, quelqu’un de violent, pas quelqu’un de bien”, fanfaronne-t-il, place de concert en poche. “Je méprise ce qu’il a fait mais j’adore sa musique.”
A l’intérieur du Zénith, on n’entend plus les féministes chanter “L’Hymne des femmes”. Ce n’est certes pas la foule des grands soirs : la salle accueille moins de 4.000 personnes, pour une configuration maximale à 6.000.
Quadra fans de Noir Désir et adolescents ont sorti leurs tee-shirts de groupes et leurs hauts Zadig & Voltaire, et il y a plus de queue au stand de bières qu’à celui des mugs à 15 euros. Soirée normale au Zénith. Cantat entre sur scène, très applaudi.