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Afin « d’éradiquer l’extrêmisme », l’État chinois a rouvert un réseau de camps de « rééducation idéologique » dans la province du Xinjiang, majoritairement peuplée de Ouïgours.

Déjà en été 2017, des reportages faisaient état d’internements en masse des minorités ethniques musulmanes (en particulier Ouïgours, Kazakhs ou Kirghizes) peuplant le Xinjang (…). La constitution d’un réseau clandestin de « camps de rééducation » dans lesquels les détenus peuvent être retenus indéfiniment était évoquée.

(…)

Niée par le gouvernement chinois, (…) il existe en fait un nombre non négligeable de sources gouvernementales [notamment des appels d’offre] qui démontre l’existence de ces camps (…) et corroborent les estimations des témoins oculaires [qui évoquent] des centaines de milliers voire un peu plus d’un million de personne étant ou ayant été internées dans ces camps de rééducation politique. Ce nouveau système serait donc possiblement plus étendu que celui aboli officiellement en 2013.

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La « guerre contre le terrorisme » menée par l’État chinois est probablement de plus en plus un euphémisme pour désigner l’assimilation ethnique forcée de ces minorités. (…) L’expérience de Xinjiang, loin d’être diminuée, pourrait servir d’exemples pour les efforts futurs de l’État chinois dans le domaine de l’ingénierie sociale.

The Jamestown Foundation

Merci à Valdorf (voir aussi : Le Figaro)
Traduction : FdS


Pour en savoir plus sur les évolutions récentes du Laogail’article en dresse un rapide historique que voici (traduction FdS) :

Le concept de rééducation a une longue histoire en Chine communiste. Dans les années 1950, l’État a établi les pratiques de “réadaptation par le travail” (劳动改造) et de “rééducation par le travail” (劳动教养). Plus tard, au début des années 2000, le gouvernement a initié des cours de “réadaptation par l’éducation” (教育转化) pour les adeptes du Falun Gong [Note de FdS : une méthode de gymnastique traditionnelle d’abord soutenue par le régime puis prohibée].

Ce n’est qu’en 2014 que le concept de “transformation par l’éducation” au Xinjiang a été systématiquement utilisé dans des contextes plus larges que le Falun Gong, la discipline du Parti ou la réhabilitation des toxicomanes. Son application aux groupes de population Ouïghour ou musulmans a surgi en parallèle des les campagnes de “désextrémification” (去极端化), terme mentionné pour la première fois par l’ancien secrétaire du Xinjiang Zhang Chunxian en 2012.

En 2014, le système de rééducation a commencé à évoluer vers un réseau d’installations spécialisées. Le comté de Konashahar (Shufu) (préfecture de Kashgar) a mis en place un système à trois niveaux de “réadaptation par l’éducation” (教育转化基地) dans le cadre de ses efforts de “désextremification”. Il fonctionnait au niveau des comtés, des cantons et des villages. Un système de rééducation à trois niveaux basé sur ces trois niveaux est également mentionné dans un document de recherche gouvernemental de 2017 (…), dont les idées ont apparemment été largement adoptées.

L’année 2015 a également vu le premier rapport médiatique indiquant la capacité réelle d’un centre de rééducation centralisé. Le “centre d’éducation et de formation pour la désextrémisation” de la ville de Khotan (去极端化教育培训中心) abriterait jusqu’à 3 000 détenus dont la pensée a été “profondément affectée” par l'”extrémisme religieux” (Communist Party News, 17 octobre 2015).

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