[…] Combien de migrants se verront déboutés de leur demande d’asile non parce que le droit ne leur accorde pas ce statut, mais parce que leur « récit de vie » ne convainc pas les services de l’immigration ? C’est à cette question que la réalisatrice Clio Simon a répondu dans “Is It a True Story Telling ?” (2018), un court-métrage conçu dans les coulisses de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), diffusé fin mai dans le cadre du colloque « Violence et récit : recueillir, traduire, transcrire, transmettre », organisé à l’université Paris-Diderot.
Les incohérences surgissent lorsque le réfugié dit sa vérité, avec sa culture, son émotion, ses souvenirs traumatiques dans une langue qu’il ne maîtrise pas Le « mauvais » demandeur d’asile peut être de deux ordres. Le premier ne correspond pas aux critères de la convention de Genève, texte signé en 1951 selon lequel le terme « réfugié » s’applique à toute personne « craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques » – ce qui en exclut les réfugiés économiques ou climatiques ainsi que les femmes victimes de violences de genre. […]