Les enquêtes d’opinion ne cessent de montrer que les Français trouvent la politique menée par le président injuste et pourtant, aucun opposant n’en bénéficie vraiment. La clé du mystère pourrait se trouver dans la thèse développée par des universitaires d’Harvard sur l’impact de l’immigration sur les modèles sociaux des pays développés.
(…) “Mai 68 fut le dernier grand mouvement social : il s’est constitué non seulement sur une unité de temps, mais aussi sur une unité de lieu (l’usine) et sur une unité d’action (la lutte des ouvriers contre les patrons), ainsi d’ailleurs que sur une unité idéologique (la lecture marxiste, ou à tout le moins « socialiste », quelle que soit la tendance) de la question sociale. Une telle structuration unifiée de la protestation sociale semble désormais hors de portée. Pourquoi ? Vous évoquez l’une des réponses possibles. Les vagues migratoires des dernières décennies ont joué leur rôle. Elles ont en premier lieu contribué à briser « l’unité populaire » : il y a désormais plusieurs « peuples », que l’on peut opposer les uns aux autres. La question identitaire s’est superposée, sinon substituée à la question sociale. A la périphérie des grandes villes, le communautarisme a remplacé le communisme. Deuxième point : La solidarité repose sur l’homogénéité culturelle, qui constitue la condition de la confiance envers le compatriote dont on ne peut se sentir proche par les liens familiaux, de voisinage, ou par le métier. Multiculturalisme et solidarité sociale, autrement dit, ne vont pas bien ensemble.
Troisième point : Le consentement à l’immigration et au multiculturalisme requiert en outre, au plan idéologique, la crédibilité du libéralisme économique. L’idéologie social-démocrate, qui fut longtemps dominante en Europe, notamment en France, promet la redistribution des richesses et la création de nouveaux droits sociaux. Avec une immigration non maîtrisée et non choisie, qui se traduit par une importation de la misère, l’immigré en vient à être perçu davantage comme un ayant-droit supplémentaire que comme un contributeur, ce qui génère quasi-mécaniquement une réaction politique protectionniste. L’acceptation de l’immigration est nécessairement plus aisée dans une société où le destin social est exclusivement l’affaire de la responsabilité individuelle, à condition toutefois que la promesse libérale garantissant à chacun le pouvoir de s’insérer et de réussir par le travail soit à peu près tenue.”
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Merci à Man from Dystopia