15/06/18
Le reportage intégral
(Merci à Defjux69)
14/06/18
En 2015, une saisie record de cannabis – sept tonnes trouvées dans des fourgonnettes garées dans le 16e arrondissement parisien – tourne au scandale : la brigade des stups elle-même est soupçonnée d’être impliquée dans l’importation de cette drogue. Pour sa défense, François Thierry, le patron de l’Ocrtis (Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants), plaide que cette opération s’inscrit dans une stratégie baptisée “Myrmidon”.
Organisée avec l’aide d’un informateur, condamné à plusieurs reprises pour trafic de stupéfiants, l’opération s’appuie sur une procédure autorisée, les “livraisons surveillées” (laisser passer la marchandise en vue d’interpeller les revendeurs). Mais des tonnes de cannabis se seraient volatilisées au passage… et, selon une enquête diffusée dans “Envoyé spécial” le 14 juin 2018, François Thierry ne pouvait pas l’ignorer. Ni lui ni son avocat n’ont accepté de répondre aux journalistes du magazine.
Me Ohayon, pénaliste, qui évoque dans cet extrait une autre de ces “livraisons surveillées“, décrit une dérive dans l’utilisation des informateurs. “Avant, c’étaient les petits trafiquants qui faisaient tomber, en s’alliant avec les policiers, les gros trafiquants. Maintenant, ce sont les gros trafiquants, ou un gros trafiquant, qui fait tomber de petits trafiquants. De sorte que sur 10 tonnes, seuls 300 kilos seront neutralisés. Le reste a disparu dans la nature. Personne ne sait ce qu’est devenue la drogue labellisée Ocrtis… La police, elle doit empêcher la drogue de rentrer sur le territoire national, elle ne peut pas favoriser son entrée !”
Selon un policier qui témoigne anonymement, ces pertes seraient un secret de polichinelle au sein de la PJ. Il y aurait longtemps que l’Ocrtis ne s’inquiète plus de laisser filer des quantités astronomiques de drogue. Selon lui, les livraisons surveillées, qui existent depuis 1991, sont maintenant “galvaudées” : “aujourd’hui, la quantité, ils en font abstraction”.
Une lente dérive qui aurait mené les “stups”, censés lutter contre la drogue, à favoriser son importation… et permis aux “tontons” (indicateurs ou informateurs) de passer des quantités bien supérieures à celles qui seront saisies.