Périples et traversées traumatisants, déracinement, solitude: la santé mentale des migrants est une “urgence de santé publique” ignorée pour laquelle les autorités doivent enfin agir, dénoncent mardi Médecins du monde et le Centre Primo Lévi.
“Les violences multiples qui ont causé leur départ, les ruptures souvent brutales que cela a occasionnées et le parcours d’exil lui-même semé de violences et de pertes” peuvent générer “des troubles psychiques graves”, soulignent les deux organisations humanitaires dans un rapport publié à la veille de la journée mondiale des réfugiés.
La barrière de la langue, qui les empêche de mettre précisément des mots sur leurs souffrances, mais aussi leurs conditions de vie en France, souvent très précaires, et l’angoisse face à l’incertitude du processus de régularisation sont autant de facteurs pouvant aggraver des troubles psychiques déjà présents, détaille le rapport.
Face à cette situation, le système sanitaire français est “globalement sous-dimensionné, saturé et sans interprétariat”, ce qui complique la prise en charge de ce public particulièrement fragilisé et en attente de soins, pointent du doigt les deux organisations.
D’autant plus que si l’offre de soins pour les réfugiés est assez développée pour traiter les problèmes physiques (blessures, infections, maladies…), elle l’est bien moins en matière de santé mentale, relèvent-elles. Cette “insuffisance”, “l’une des principales préoccupations” dans les centres d’hébergement, laisse les centres de soins associatifs seuls face à une demande “à laquelle ils ne peuvent pas répondre”. (…)