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19/06/2018

[…] « Le Louvre est le temple de la culture européenne, le fait de l’investir de silhouettes noires est une manière de créer un lien entre une esthétique ancienne et une autre plus contemporaine », note auprès de 20 Minutes la journaliste et militante antiraciste Rokhaya Diallo. Tout en indiquant que le musée parisien est, comme d’autres établissements occidentaux, composé « en grande partie d’œuvres pillées pendant la colonisation » elle voit aussi dans cette démarche « l’affirmation de la présence noire dans un endroit où les noirs sont relégués au second plan ».

« Il y a eu plusieurs scandales, récemment, sur des groupes scolaires très mal reçus dans les musées, rappelle Rokhaya Diallo qui se réjouit que les deux stars aient pu privatiser le Louvre pour le tournage – qui a eu lieu de nuit les 31 mai et 1er juin. C’est une manière de réparer, symboliquement, ces affronts envers les afro-descendants notamment. Même si je ne suis pas sûr [que Jay-Z et Beyoncé] en soient conscients. »

Pour Nail Ver-Ndoye, enseignant à Argenteuil et auteur d’un livre à paraître sur « La représentation des Noirs dans la peinture européenne », « cela permet de rapprocher la jeune génération de cette culture dite “classique” ».

20 Minutes

Merci à C_Mos


Les références à la culture noire et au féminisme, cachées dans le clip de Beyoncé et Jay-Z


Éloïse Le Bozec, conférencière et historienne de l’art, d’analyser la symbolique qui se cache derrière ce vidéo-clip.


Màj (18/06/2018) :

Lu dans Le Parisien (Extraits) :

Dans le clip d’« Apeshit » – mot d’argot nord-américain qui signifie « colère » ou « excitation sauvage » – les chanteurs, impériaux, prennent la pose devant les pièces maîtresses du Louvre, la Joconde bien sûr, la Victoire de Samothrace ou encore la Vénus de Milo. Mais ils ont aussi choisi d’autres chefs-d’œuvre pour magnifier leur titre, signés David (« Le sacre de Napoléon », « Les Sabines », « Le serment des Horaces »), Géricault (« Le radeau de la méduse », le « Chasseur chargeant »), Rosso ou Véronèse.

Souvent, la caméra zoome sur les personnages noirs des tableaux, aussi « mineurs » soient-ils dans l’œuvre – une servante dans les « Noces de Cana », un naufragé sur « Le Radeau de la méduse »… – et les sublime dans le clip. Car au-delà de l’autocélébration (la mégalomanie ?) du couple, cette vidéo de six minutes a une portée politique évidente pour ces deux artistes, engagés dans la défense de la cause noire.

« C’est un clip politique, confirme Gert Van Overloop, le manager du chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui. Tous les danseurs sont noirs, la plupart des œuvres du Louvre sont regardées sous ce prisme. Ce n’est pas un clip contre, dans le sens d’une revanche, mais un clip pour affirmer l’égalité de la culture afro-américaine et plus généralement noire, avec la culture blanche. »

Les paroles oscillent entre une forme d’humilité très américaine, lorsque Beyoncé répète « I can’t believe we made it » – « Je ne peux pas croire que nous ayons réussi à le faire » – et « And we are thankful for it » – « Nous sommes reconnaissants pour cela » – et une fierté rebelle, lorsque Jay-Z s’élève contre le Superbowl NFL, évoquant le fait que dans le football américain les employeurs sont presque tous blancs et les joueurs presque tous noirs.

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La vidéo s’ouvre sur les époux posant, hiératiques, devant la Joconde – Jay-Z vêtu d’un costume croisé vert clair, Beyoncé d’un tailleur pantalon lavande – et se poursuit avec des danseurs dévêtus devant “Le Sacre de Napoléon” de Jacques-Louis David. Le clip a été réalisé par Ricky Saiz et tourné dans le plus grand secret.

(…) Le Figaro

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