Quelques informations sur les lieux et les actions menées par les différents protagonistes.
Des secours coordonnés par le MRCC
Tout a commencé samedi (9 juin) à 7 heures du matin, quand le navire de l’ONG a en effet reçu l’instruction du Centre de coordination des secours maritimes italien (IMRCC) de se diriger vers la zone pétrolière de Farwah, autour de laquelle des embarcations en détresse avaient été signalées. Mais les premiers secours avaient déjà été entamés par les garde-côtes italiens et un navire marchand, le MV Asso Ventiquattro, plus proches. Et le navire de l’ONG a été envoyé, en début d’après-midi, vers deux bateaux en détresse, transportant chacun environ 120 personnes.
Deux sauvetages critiques
Le sauvetage entamé en fin d’après-midi, à plus de 50 milles nautiques des côtes libyennes, a été particulièrement difficile. Les deux embarcations pneumatiques étaient en mauvais état. Alors qu’il faisait déjà nuit, l’un des deux canots s’est brisé, entraînant à l’eau plusieurs dizaines de personnes. Dans des conditions critiques, les sauveteurs ont néanmoins réussi à récupérer 229 rescapés remontés à bord.
Un transbordement des garde-côtes italiens
L’Aquarius a ensuite servi de plate-forme d’accueil, comme c’est souvent l’habitude en mer (1), pour d’autres réfugiés récupérés par des navires italiens. Il a ainsi récupéré environ 280 rescapés se trouvant à bord de navires des garde-côtes italiens : 129 personnes provenant du CP 312, puis 64 autres du CP 319 et 88 du CP 267 (certains récupérés directement par les garde-côtes, d’autres venant de navires marchands qui avaient ensuite été transférés sur le navire des garde-côtes). Déjà bien chargé, l’Aquarius a enfin pris en charge 119 nouveaux naufragés transbordés depuis le navire marchand italien MV Jolly Vanadio, avec l’aide de l’ITS San Giusto, le navire de la marine italienne qui commande l’opération européenne EUNAVFOR Med / Sophia.
Un refus de débarquer
Ni l’Italie ni Malte n’ont cependant autorisé le navire de l’ONG à débarquer les naufragés. Pour le nouveau gouvernement italien, dirigé par G. Conte, c’est un cas d’école, histoire de montrer la nouvelle politique ‘dure’. Pour le gouvernement de La Valette, ce sauvetage a eu lieu dans la zone libyenne (2)… gérée dans les faits par l’IMRCC. Aux Italiens donc de se débrouiller.
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Escalade politique
L’arrivée de deux partis aujourd’hui à la tête du gouvernement (la Ligue du Nord et le Mouvement 5 Étoiles) affichant l’un comme l’autre de rompre avec la politique d’accueil menée ces dernières années n’a fait qu’accélérer le blocage. Pour eux, l’Italie ne doit plus assumer la solidarité que les autres États européens lui laissent volontiers.
Et maintenant, l’OTAN sur le « front sud » ?
Matteo Salvini n’hésite d’ailleurs pas à parler de « front sud » sollicitant l’aide de l’OTAN. « J’aimerais que les organismes internationaux dont nous faisons partie et auxquels nous contribuons financièrement et qui sont des organisations de défense, assurent la sécurité italienne et européenne en Méditerranée », a-t-il déclaré vendredi, en arrivant au conseil des ministres, selon Il Giornale.
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La responsabilité au pays qui coordonne les secours
Sur le fond, l’exécutif européen se refuse cependant à trancher. « Il s’agit d’une question de droit international », rappelle la porte-parole en charge des migrations, Natasha Bertaud, admettant qu’« en réalité, la situation est tout sauf claire ». Comme elle l’explique, « selon le droit international, la décision de l’endroit où un bateau devrait débarquer relève de la compétence du pays qui est en train de coordonner l’opération de recherche et de sauvetage » (NDLR : en l’occurrence, l’IMRCC de Rome). C’est à lui d’indiquer le « port sûr » où accoster. Mais cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’un port de son pays.
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Un accompagnement par la marine italienne
L’épilogue s’est écrit ce matin. L’Aquarius poursuit sa route en direction du port de Valence, désigné ‘port sûr’ par l’IMRCC. Deux navires de la marine et des garde-côtes italiens accompagneront l’Aquarius jusqu’à son trajet vers l’Espagne (4 jours environ). Plus de la moitié des rescapés vont être transbordés, le temps du trajet, sur ces navires italiens, afin d’éviter la surcharge. L’IMRCC Rome l’a confirmé à l’ONG
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Article du 11 juin 2018 – (Emmanuelle Stroesser, avec AP et NGV)