C’est une déclaration de faillite de l’UE : rien ne va plus dans l’un des domaines les plus importants de notre époque, la gestion des migrations. En dehors de formules qui ne coûtent rien […], les chefs d’État et de gouvernement ne s’accordent sur rien. À de rares exceptions, ils ne se font plus confiance les uns aux autres. Et surtout pas à la chancelière fédérale allemande. Dans de nombreux pays d’Europe, son nom est devenu un “non-nom” et la mauvaise humeur est assurée dès qu’on le prononce.
Comment a-t-on pu en arriver là ? C’est tout simple au fond : cela tient au style politique d’Angela Merkel. Au “pragmatisme” […] avec lequel elle traite les problèmes. […] En cas de brouillard, Merkel allume depuis toujours ses feux anti-brouillards. Elle conduit à vue et espère que le vent résoudra le problème. Mais en cas de fort brouillards, comme maintenant avec la crise des réfugiés, il ne sert à rien d’avancer à l’aveuglette, on risque de quitter la route parce qu’on ne voit rien et on est alors perdu.
[…]
Merkel est même prête sous la pression à accepter la division de l’UE, elle met les Européens de l’Est “au coin”, les fait mettre en minorité et veut les contraindre à la solidarité, à l’accueil des réfugiés. Qu’on imagine un peu ce qui serait arrivé si on avait traité l’Allemagne de cette manière !
Suite à cette politique de refus des compromis […], de plus en plus de pays ont basculé à droite, voire à l’extrême droite. En Allemagne même, l’AfD vole de victoire en victoire, et dans l’Union [chrétienne-démocrate], prise de panique, des opportunistes […] prennent le dessus […]
Chère Angela Merkel, après près de 13 années de chancellerie, vous n’avez plus rien à gagner sur la scène européenne, en dehors d’une aversion tangible. C’est ce qu’ont montré toutes les rencontres des derniers mois. Apportez donc enfin votre contribution pour stopper la tendance apparemment inéluctable qui conduit à la division de l’Europe […] Quittez la chancellerie pour un successeur dont le nom ne soit pas plombé comme l’est le vôtre. […] Laissez-nous tenter un nouveau départ.
Malte PIEPER
(Traduction Fdesouche)