26/06/18
Les CRS ont évacué mardi 26 juin avant l’aube une soixantaine de migrants occupant depuis près de cinq mois un bâtiment de l’université Paris-8 à Saint-Denis, au nord de Paris. Selon une source proche du dossier, la décision d’évacuation a été accélérée après le découverte de cas de gale parmi le personnel de l’université, dont certains ont demandé lundi à exercer leur droit de retrait. De plus, un bâtiment administratif a été vandalisé dans la nuit de dimanche à lundi, a ajouté cette source.
Les policiers ont usé de gaz lacrymogènes pour rejoindre le bâtiment de l’université Paris-8 occupé par des dizaines de migrants. L’accès était bloqué par une chaîne humaine d’environ 70 personnes venus soutenir les sans-papiers dans cette université à Saint-Denis, au nord de Paris. […] Au départ, ils étaient environ une centaine, venus notamment d’Afrique de l’Ouest mais aussi Soudanais et Érythréens, à s’être installés dans l’aile ouest du campus depuis le 30 janvier. Ils étaient soutenus par un collectif et avec l’accord initial de la présidence de l’université. Les salles de cours avaient été transformées en dortoirs. […]
La présidente de l’université, Annick Allaigre, a transmis à la préfecture de Seine-Saint-Denis une liste de 133 noms de personnes susceptibles d’être régularisées, après examen de leur situation. […]
23/06/18
La vie reprend son cours au sein de l’université située à Saint-Denis, occupée durant deux mois contre la loi ORE. Mais des tensions persistent après l’installation de migrants sur le campus.
En entrant dans le bâtiment B de l’université Paris-VIII Saint-Denis, on a l’impression qu’il a été laissé à l’abandon depuis des années. Les distributeurs de boissons et de nourriture ont été vandalisés. Les murs sont recouverts de tags. Des déchets en tout genre jonchent le sol. Bien que les portes du bâtiment soient grandes ouvertes, une forte odeur flotte dans l’air. […]
Mais pour une partie des usagers du campus, la vie n’a pas repris son cours : un des étages du bâtiment A voit même les tensions s’exacerber entre les personnels de l’UFR de droit et les migrants et leurs soutiens, qui ont investi des locaux voici six mois.
Depuis février, une centaine de migrants a été accueillie par des étudiants. «Il neigeait dehors, il faisait moins 10, on n’allait pas les laisser à la rue», raconte Ali, en master de philosophie qui, avec d’autres étudiants et des militants, demande la régularisation de tous les migrants présents, ainsi que des logements pérennes. «Depuis, l’occupation s’est organisée, on a eu pas mal de dons pour aménager le bâtiment, il y a une cuisine collective, des dortoirs à l’étage. » De ces aménagements, on ne verra rien. «C’est le lieux de vie des migrants, on ne laisse personne d’extérieur y entrer.» […]
La tension est montée, et le dialogue, s’il a un jour existé, est aujourd’hui rompu. Les occupants considèrent les personnels comme des «racistes qui ne veulent pas de noirs dans leur fac» , résume Ali, tandis que ceux-ci se plaignent de «jeunes qui ne comprennent rien : en droit, on a le plus grand pourcentage d’étudiants étrangers, on aide les étudiants sans papiers à réussir, c’est Paris-VIII enfin, on n’est pas racistes ! » […]