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Pour le sociologue Domenico De Masi, la situation italienne est plus inquiétante encore qu’à l’époque de la Marche sur Rome, en 1922.

La coalition Ligue/Mouvement5Etoiles penche décidément du côté de Matteo Salvini, qui s’affirme comme dominant et dominateur…

C’était prévisible. Les 5Etoiles sont comme un tas de sable, friable, composé essentiellement d’ignorants ou d’incompétents. La Ligue au contraire, est une brique dure, solide, résistante, qui agglomère de véritables savoirs. La démolition du tas de sable était inévitable, quel qu’ait été le partenaire.
[…]

En quoi la situation actuelle rappelle-t-elle l’époque de la Marche sur Rome, en 1922, juste avant que Mussolini s’empare du pouvoir ?

[…]En 1922 enfin, le pays n’avait pas encore connu l’expérience berlusconienne, laquelle, pendant près de 20 ans, s’est chargée de tirer les Italiens vers le bas. J’insiste : Silvio Berlusconi a entraîné une importante mutation anthropologique des Péninsulaires. Leur nivellement par le bas. Il ne s’intéressait qu’à l’économie, à la sauvegarde de ses entreprises… Matteo Salvini , qui prend sa succession, sera le père de la deuxième mutation anthropologique italienne : la mutation politique. Mais toujours vers le bas. […]

Cette “mutation anthropologique” a-t-elle rendu les Italiens racistes ?

Non. Les Italiens ne sont pas racistes, ils ont simplement libéré le sentiment xénophobe primordial qui habite tous les êtres humains et qui consiste à considérer “l’autre” comme un danger. Surtout dans les moments de crise économique. Et c’est Matteo Salvini qui a suscité, encouragé et légitimé ce sentiment primaire de méfiance envers autrui. Résultat : personne n’a plus peur aujourd’hui de se dire anti-migrants, anti-noirs ou anti-musulmans. Toute pudeur s’est envolée. Tel est l’apport original de Matteo Salvini à la civilisation péninsulaire. […]

Nouvel Obs

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